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LE PARFUM DES PRAIRIES

après Dieu et le prophète, je n’aime rien autre mieux que ta ravissante personne. Cependant je ne te cacherai pas que j’ai trouvé tes chansons un peu légères pour une femme vertueuse et que je ne comprends guère que la sagesse s’allie aux paroles voluptueuses que je t’ai entendue prononcer.

— J’avais trois motifs, répondit-elle ; le premier, d’appeler à moi un aide généreux pour me délivrer de l’esclavage de ces démons ; le deuxième, de rappeler à ma mémoire, par les vers que tu as entendus, un temps meilleur, et le troisième, de faire prendre patience au nègre, qui se calme lorsqu’il m’entend chanter.

— Toi seule as su te faire respecter dans cet enfer, dit le prince, toi seule conserveras la vie.

Le Sultan allait se retirer lorsque Boudroul Boudour se vit entourée de nègres et de femmes qui la priaient à genoux de les sauver.

— Le Sultan écoutera ta voix, disaient-ils, et leurs larmes baignaient ses jolis pieds.

— Mon Seigneur, s’écria-t-elle !

— Prends patience, fit le prince, je vais envoyer de belles mules pour te prendre et te conduire à mon palais.