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Page:Chesterton - Le Retour de Don Quichotte.djvu/118

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Hendry, quand se produisit un fait bien propre à occuper ses loisirs.

Un jeune homme tomba sur le toit du cab, du ciel apparemment, et se rétablit non sans difficulté, au moment où il allait rouler à terre. Quand ce visiteur inattendu montra son visage, le cocher stupéfait reconnut le gentleman avec lequel il avait fait un brin de causette dans la rue. Il contempla longuement le nouveau venu, puis la fenêtre d’en-dessus, et comprit que cet homme n’était pas précisément tombé du ciel, mais seulement de l’appui de la fenêtre. L’incident n’était donc pas un miracle véritable, mais restait cependant une merveille.

Le cocher fut plus surpris encore quand son nouveau compagnon lui sourit d’une manière charmante et dit, comme quelqu’un qui reprend une conversation :

— Comme je vous disais…

Après quelques gesticulations amicales, il s’assit solidement à califourchon sur le toit de la voiture et sortit son portefeuille. Il se pencha en avant, au risque de culbuter, et dit confidentiellement :

— Écoutez, mon vieux, je vous achète votre cab.

Murrel n’ignorait pas entièrement les règlements en vertu desquels se jouait le dernier acte de la tragédie des Couleurs pour Enluminures de Hendry. Il se souvenait d’avoir eu, longtemps auparavant, une discussion avec Julian Archer, qui était très plein de ce sujet. Julian Archer (c’était un des traits de son caractère qui le rendait si parfaitement apte aux fonctions publiques) pouvait s’emballer soudain et avec une bonne foi parfaite, sur n’importe quel sujet, pourvu que ce fût une actualité journalistique. Si le roi d’Albanie — dont la vie privée, hélas ! laisse tant à désirer — était en mauvais termes avec la sixième