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Page:Chesterton - Le Retour de Don Quichotte.djvu/152

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tard, on leur trouvait une situation, et le tour était joué. Mais cette affaire des ouvriers du goudron est différente. Si encore il ne s’agissait que des Syndicats : à une séance de Syndicat, les gens ne savent jamais sur quoi ils votent…

— Évidemment, dit Seawood, hochant la tête avec grâce et gravité ; des gens complètement ignorants…

— Pas plus que nous, continua Lord Eden, pas plus que la Chambre des Communes ou la Chambre des Lords. Avez-vous jamais entendu parler d’un parti politique qui sache sur quoi il vote ? Les uns s’intitulent socialistes ou autrement, et nous impérialistes ou ce que vous voudrez. Mais, en fait, les choses s’étaient bien adoucies des deux côtés. Maintenant, voici que surgit cet homme, ce Braintree ; il expose leurs sottises d’une façon nouvelle, et il ne semble pas qu’on puisse lui opposer aucune des nôtres. Pendant longtemps, c’était « l’Empire », mais cela ne rend plus : ces maudits coloniaux ont voulu se montrer, on les a vus, et nous voilà dans le pétrin. Ils ne diront pas qu’ils tiennent à mourir pour nous, et personne ne tient beaucoup à vivre avec eux. Quoi qu’il en soit, tout ce qu’il y avait de pittoresque et de poétique dans l’idée semble nous avoir abandonné, au moment même où quelque chose de pittoresque surgit de l’autre côté.

— Ce Braintree est donc pittoresque ? demanda Lord Seawood, sans se douter qu’il avait été son hôte pendant un temps considérable.

— Ses partisans semblent le croire, répliqua le Premier. Ce n’est pas tant le monde du charbonnage ; ce sont bien plutôt les Syndicats affiliés des sous-produits ; il semble avoir travaillé tous les gens d’alentour. C’est pour cela que je suis venu vous consulter. Nous avons des intérêts communs dans le