Aller au contenu

Page:Chesterton - Le Retour de Don Quichotte.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

élastiques, elle connaît tout ce qui concerne cette importante réforme, et démontre qu’il n’est plus nécessaire d’avoir de bonnes chaussures ou de vivre à la campagne. C’est elle, c’est son énergie et sa compétence qui ont lancé la campagne destinée à prouver que le Paradis Perdu est l’œuvre de Charles II. L’invention qui permet de soulever la calotte des chapeaux hauts-de-forme au moyen d’une ficelle, dans un but de ventilation, n’a dû son succès universel qu’à la présence dans les bureaux d’une personne de bon sens. Dans chacune de ces situations, elle apporte la même sincérité puissante et la même simplicité à ne suivre qu’une idée à la fois. Dans toutes ces situations, elle est une conscience, qui ne s’embarrasse d’aucuns scrupules.

Rosamund avait toujours été dégoûtée de la largeur d’esprit, ou plutôt de la brouillonne hospitalité intellectuelle d’un homme tel que Douglas Murrel. À ses yeux, ce n’était que vague, vide, absence de but précis. Comment pouvait-il être à la fois l’ami intime d’Olive et de l’ancien régime, et celui de Braintree et de son bolchevisme ? Elle soupirait après quelqu’un qui fît quelque chose, et Murrel se refusait à agir. Quand elle voyait quelqu’un vraiment prêt à agir, elle était si contente qu’elle se dispensait d’examiner ce qu’il allait faire.

Subitement, peut-être par hasard, quelque chose lui apparut comme un rayon de lumière qu’elle pouvait suivre. Ce quelque chose se rattachait d’ailleurs d’une façon lointaine aux traditions que, dès l’enfance, on lui avait appris à maintenir. Elle ne s’était jamais beaucoup occupée du goût de son père pour le blason ; elle n’avait même guère fréquenté son père. Mais de même qu’elle était contente que son père fût là, elle se réjouissait de l’existence du blason. Les