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Page:Chesterton - Le Retour de Don Quichotte.djvu/179

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Le Chevalier du Roi Arthur avait assurément un extérieur très bizarre, car à mesure que l’équipage avançait il prit, aux yeux stupéfaits de la foule médiévale, l’apparence d’un hansom-cab en piteux état, surmonté par un cocher en chapeau haut-de-forme non moins minable. Le cocher retira sa coiffure délabrée avec un salut poli, et l’on vit apparaître la bonne figure de Douglas Murrel.

Après avoir ainsi salué la société, Douglas Murrel remit son chapeau en place et se prépara à dégringoler de son perchoir. Il n’est pas facile de dégringoler d’un hansom-cab en homme du monde ; Murrel y réussit pourtant avec ses talents bien connus d’acrobate. Le chapeau tomba, il le rattrapa avec une grande dextérité, et se dirigeant vers Olive Ashley, il lui dit sans aucun embarras :

— Voilà, j’ai trouvé cette petite chose que vous vouliez.

La compagnie regardait son col, sa cravate et son pantalon avec la sensation curieuse de voir un homme habillé dans un costume désuet. En somme, ils éprouvaient des sentiments analogues à ceux de Murrel lui-même à la vue du hansom-cab, quoique les cabs n’eussent que tout récemment commencé à disparaître ; telle est la rapidité avec laquelle les modes humaines se cristallisent, et les hommes s’accoutument à des images nouvelles.

— Singe ! s’écria Olive suffoquée. Où avez-vous pu passer tout ce temps ? N’avez-vous entendu parler de rien ?

— J’ai dû fureter un peu pour trouver les couleurs, dit Murrel modestement, et depuis que j’ai acheté ce cab, j’ai promené diverses personnes sur les routes. Mais je les tiens enfin, ces couleurs !

Pour la première fois, il lui parut nécessaire de