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Page:Chesterton - Le Retour de Don Quichotte.djvu/217

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bon, nous devons commencer par recourir à certains principes généraux qui ont régi jadis le travail indispensable à l’humanité. Ces principes sont très différents de ceux dont on parle dans les temps modernes et dans les agitations d’une période sans repos et souvent sans loi. Ils étaient caractérisés par l’ordre, et j’ajouterai, par l’obéissance.

Un murmure d’approbation éclata parmi ses partisans. Braintree, de l’autre côté, émit un rire guttural.

— Dans la vieille organisation corporative, continua Herne, cette obéissance était exigée des apprentis et des ouvriers vis-à-vis d’une autorité qu’on peut, dans notre système moderne, appeler les Patrons. Un patron ou un maître était celui qui produisait un chef-d’œuvre ; et la corporation veillait à maintenir la valeur professionnelle à un niveau élevé. Normalement, c’était avec les outils d’un patron, dans sa boutique et avec son capital que ce travail était exécuté ; l’apprenti était celui à qui on apprenait sa profession, et l’ouvrier celui qui finissait son éducation en se louant à différents patrons, souvent au cours d’un voyage de ville en ville. Les ouvriers pouvaient devenir maîtres en produisant un chef-d’œuvre. Telle était dans ses lignes générales l’organisation du travail. En l’appliquant au litige actuel, nous nous trouvons en présence de la situation suivante. Il n’y a dans l’industrie qui nous occupe que trois maîtres, c’est-à-dire trois hommes avec les outils et les capitaux desquels le métier soit exercé. J’ai recherché leurs noms et constaté que pratiquement ils partagent entre eux cette propriété. L’un est Sir Howard Pryce, autrefois patron dans une manufacture de savons, et qui, par une évolution rapide, s’est transformé en maître, en peintures et couleurs. Le second est Hubert Arthur Severne, actuellement