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Page:Chincholle - Les Survivants de la Commune, 1885.pdf/165

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LES FEMMES DE LA COMMUNE

par Digeon (ne pas confondre avec Songeon), devaient se réunir à la place de la Bastille.

L’héroïne de la fête eût été, comme toujours, Louise Michel.

La grande citoyenne caresse à présent un rêve étrange, celui de promener dans les rues un immense drapeau noir. Pourquoi noir ? Elle a expliqué cela le 18 mars 1882, à Belleville, salle Favié, au banquet anniversaire de la Commune :

— Plus de drapeau rouge, mouillé du sang de nos soldats. J’arborerai le drapeau noir, portant le deuil de nos morts et de nos désillusions.

Donc, nous étions menacés de voir, le 13 juillet suivant, ce gai drapeau flotter autour de la Bastille, puis se promener rue Saint-Antoine, rue de Rivoli, enfin faire le tour du nouvel Hôtel-de-Ville.

De là, on se serait rendu au Père-Lachaise pour déposer une immense couronne dans le coin du cimetière réservé aux fédérés.

Puis cela eût été tout. Seulement, la nouvelle de cette manifestation a fait, comme l’œuf du bon La Fontaine, dans la bouche des servantes. On en est arrivé à répandre le bruit de l’explosion prochaine de l’Hôtel-de-Ville.

Mais enfin pour que la manifestation projetée n’ait pas eu lieu, que s’est-il donc passé ? Ici, on va croire qu’on entre dans le domaine de la