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Page:Choiseul-Meuse - Amélie de Saint-Far, ou la fatale erreur, 1808.djvu/109

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t’ai connu ; mais alors je t’aimais avec une telle passion, que le plaisir de te voir et de te presser dans mes bras suffisait pour me rendre heureuse ; et je craignais, en rendant tes jouissances trop vives, de faire naître la satiété.

Je serais tenté, reprit le colonel, de rendre grâce à l’indifférence que maintenant tu ressens pour moi, car jamais indifférence n’a ressemblé davantage au plus ardent amour. Semblable au reste des hommes, tu confonds l’amour avec le desir, et pourtant rien n’est si différent ; le premier est aussi rare que le second est commun : l’amour pénètre rarement jusqu’au cœur, mais il est dans toutes les bouches ; c’est un prétexte honnête dont on se sert auprès des femmes pour excuser les tentations les plus impertinentes, et les femmes