Aller au contenu

Page:Choiseul-Meuse - Amélie de Saint-Far, ou la fatale erreur, 1808.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 10 )

fance furent une longue chaîne de jours heureux : elle ne trompa pas l’espoir de ses parens, chaque jour on lui découvrait une grâce, une vertu nouvelle. Elle était le vivant portrait de sa mère ; elle en avait la douceur, et semblait promettre plus de vivacité. Madame de Saint-Far ne voulut pas se séparer de sa fille ; elle la fit élever sous ses yeux, afin de pouvoir former son cœur, et de lui inspirer cette piété ardente dont elle se sentait embrasée.

Les femmes donnent toujours dans les excès ; vices et vertus deviennent chez elles des espèces de fureurs. Madame de Saint Far, malgré les louanges que sa jolie figure lui attirait sans cesse, n’avait jamais aimé le monde ; on le lui avait dépeint, dès son enfance, sous les plus sombres couleurs ; et ce préjugé, en l’empê-