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Page:Choiseul-Meuse - Amélie de Saint-Far, ou la fatale erreur, 1808.djvu/233

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Amélie ; il fut prêt vingt fois à lui déclarer son cruel projet ; il tombait à ses genoux, il lui baisait les mains, il les pressait sur son cœur ; il lui tenait les discours les plus tendres, et souvent les plus insensés. Amélie ne concevait rien au trouble qui l’agitait, mais ce trouble semblait lui présager un événement funeste : une sombre tristesse s’empara de son âme. Ernest s’était détourné pendant un moment, pour lui cacher quelques larmes qui s’échappaient malgré lui. Amélie attentive à tous ses mouvemens s’en aperçoit : hors d’elle-même à ce spectacle, elle se jette au cou d’Ernest : Mon ami, s’écrie-t-elle ! laisse-moi recueillir ces larmes précieuses, mes baisers les sécheront. Amélie s’enivre avec une sorte de fureur des pleurs de son amant ; bientôt ses caresses en ont tari la source. Ernest