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Page:Choiseul-Meuse - Julie, ou J’ai sauvé ma rose, 1807.djvu/179

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cédai jamais à la plus inventive. Dès que nous fûmes de retour à l’endroit où nous avions dîné, je feignis d’avoir une migraine affreuse : nous étions alors dans le mois d’avril ; la journée, quoique belle, n’avait pas été chaude ; Céline prétendit que j’avais éprouvé du froid dans la forêt. Je me plaignais beaucoup ; Saint-Albin se désespérait ; enfin, nous partîmes comme on l’avait décidé le matin. Dès que je fus seule avec Saint-Albin, je redoublai mes plaintes, et je jouai si bien la malade, qu’il ne songea pas une seule fois à me demander ce qui lui était dû à tant de titres. Je ne puis dire combien cet excès de délicatesse me toucha ; je fus sur le point d’abjurer ma feinte et de couronner son amour. Quel homme, me disais-je ! peut-il mieux mériter ce sacrifice ?