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Page:Chorier - L’Académie des dames, 1770.djvu/236

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decin Arabe lui dit, que l’unique moyen de rendre ſa femme féconde, c’étoit de la fouetter le plus rudement que l’on pourroit. Cela fut pris pour oracle ; la Ducheſſe y conſentit, & l’exécution en fut faite par ſa mere. Juſqu’à ce jour, dans les plus grandes careſſes de ſon mari, elle n’avoit preſque point trouvé de plaiſir ; mais lorſqu’après cette médecine, le Duc l’alla joindre, peu s’en fallut qu’elle n’expirât ſous lui, tant le châtouillement qu’elle reſſentoit étoit extrême ; elle déchargea copieuſement : & la même cérémonie ayant été renouvellée deux jours après, elle fut engroſſée avec une joie extraordinaire de toute la famille. Il ſe trouve auſſi des hommes, qui ne pourroient jamais bander ſi on ne ſe ſervoit de cet artifice. Le Comte Ardolphe que tu connois, eſt réduit à cette extrêmité, ſans laquelle tous les attouchements de ſa femme qui eſt aſſez jolie, tous les remedes de la médecine, & les épiceries du Levant ne le feroient pas dreſſer d’un pouce.

Octavie.

Il faut donc qu’il ſoit bien froid. Mais l’as-tu expérimenté quelquefois, & as-tu trouvé quelqu’un qui t’ait voulu rendre ce-bon office ?

Tullie.