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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/117

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réussi. « Du jour où nous avons appris ces choses », dit-il, « nous ne cessons de prier pour vous ». Oui, nous prions pour vous et ce n’est pas depuis un jour, ce n’est pas depuis deux ou trois jours. Il leur montre ici sa charité pour eux, et il leur fait entendre aussi qu’ils ne sont pas encore arrivés au but. C’est le sens de ce mot « qu’il vous remplisse ». Voyez ici sa prudence. Il ne dit jamais que tout leur manque ; il dit partout qu’il leur manque quelque chose encore. C’est le sens de l’expression « qu’il vous remplisse ». Puis il dit : « Tâchant de lui plaire en tout », par toutes sortes de bonnes œuvres ; puis encore : « Étant rempli de force en tout », et plus bas : Pour avoir, « en toutes rencontres, une patience et une douceur persévérante ». Ce mot « en toutes rencontres » est d’un homme qui rend justice à leurs progrès, sans proclamer encore leurs perfections. « Qu’il vous remplisse ». Il ne dit pas : Qu’il vous donne ; car cette connaissance leur a déjà été donnée. Il dit : « Qu’il vous remplisse », c’est-à-dire, qu’il perfectionne cette connaissance. Il y a ici une réprimande légère et un éloge qui, n’étant pas complet, ne les engage pas à se négliger. Mais comment seront-ils « remplis de la connaissance de la volonté de Dieu ? » Ils seront conduits à cette connaissance par le Fils de Dieu et non par les anges. Vous le savez, leur dit-il, il faut que vous y soyez conduits : il vous reste maintenant à apprendre pourquoi Dieu vous a envoyé son Fils. Si notre salut devait s’opérer par le moyen des anges, Dieu n’aurait pas envoyé, n’aurait pas livré son Fils. « En vous donnant », dit-il, « toute la sagesse et toute l’intelligence spirituelle ». Comme ils se laissaient abuser par les philosophes, il veut qu’ils acquièrent la sagesse spirituelle et non la sagesse humaine. Or, si pour connaître la volonté de Dieu, il faut avoir la sagesse spirituelle, pour connaître son essence, il faut de constantes prières. Et il leur fait voir ici depuis combien de temps il prie pour eux sans relâche. Tel est le sens de ces mots « du jour où nous avons appris ». Ces mots sont aussi la condamnation de ceux que cette longue prière n’aurait pas rendus meilleurs. « De demander à Dieu » et de demander avec un zèle ardent. Nous avons beaucoup prié, dit-il, et vous avez déjà connu quelque chose ; mais vous avez encore besoin d’en connaître beaucoup d’autres.
« Afin que vous marchiez dans les voies de Dieu, d’une manière digne de lui ». Il est ici question de la manière dont il faut vivre et agir, et c’est là un point sur lequel l’apôtre insiste toujours. Il ne sépare jamais la foi de la bonne conduite. « Tâchant de lui plaire en tout ». Cette expression est expliquée par la suivante : « Portant les fruits de toutes sortes de bonnes œuvres, et grandissant dans la connaissance de Dieu ». Si Dieu s’est révélé tout entier à vous, si vous avez reçu de lui cette connaissance sublime, montrez que votre conduite est à la hauteur de votre foi. Car cette foi nouvelle impose à ses adeptes un plan de vie magnanime, plus magnanime encore que l’ancienne loi. Quand on connaît Dieu, quand on a été trouvé digne d’être le serviteur, que dis-je ? le fils de Dieu, quelle vertu ne faut-il pas avoir ? « Que vous soyez en tout remplis de force ». Il veut ici parler des épreuves et des persécutions. Nous prions Dieu, dit-il, que vous vous sentiez plein de force, pour que vous ne tombiez pas dans l’abattement et le désespoir. « Par la puissance de sa gloire », c’est-à-dire, pour que vous ayez une ardeur proportionnée à l’éclat de sa gloire. « Pour avoir, en toutes rencontres, une patience et une douceur persévérante ». Ce qu’il dit là revient à ceci : Nous prions Dieu, en un mot, qu’il vous fasse la grâce de mener une vie vertueuse, une vie digne de votre plan de conduite, qu’il vous fasse la grâce de rester fermes, comme des athlètes qui puisent leurs forces dans le ciel. Il ne parle pas encore de leurs croyances ; il ne s’occupe que de leur vie où il ne trouve rien à reprendre, et après leur avoir donné la part d’éloges à laquelle ils ont droit, il en vient à les accuser. C’est la méthode qu’il suit toujours dans ses épîtres. A-t-il à reprendre ou à louer, il commence par l’éloge et finit par l’accusation. Il se concilie et gagne d’abord son auditeur ; il ôte à ses accusations tout caractère passionné, et montre qu’il voudrait toujours donner des éloges, mais que la nécessité lui dicte un autre langage. C’est ce qu’il fait dans sa première épître aux Corinthiens. (1Cor. 5) Après les avoir loués beaucoup de leur affection pour lui, il s’en prend à un fornicateur, et il en vient à les accuser. Dans l’épître aux Galates (Gal. 1), il suit une marche toute contraire. Mais que dis-je ? À bien examiner les choses, il fait sortir une accusation d’un éloge. Ne pouvant parler de