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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/118

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leur bonne conduite, ayant à intenter contre eux une grave accusation, ayant affaire à des auditeurs corrompus qui pouvaient supporter les reproches, parce qu’ils étaient endurcis, il commence par les accuser en disant : « Je m’étonne » (Id. 6) ; c’est là un mot d’éloge. Plus bas il loue non leur conduite actuelle, mais leur conduite d’autrefois, en ces termes : « Vous étiez prêts, s’il eût été possible, à vous arracher les yeux, pour me les donner ». (Id. 4,15)
« Portant des fruits ». Il parle ici de leurs œuvres. « Remplis de force » pour résister aux épreuves, « pour avoir, en toutes rencontres, la patience et la longanimité ». Entre eux, ils doivent faire preuve de longanimité ou de douceur ; à l’égard des étrangers ils doivent faire preuve de patience. On fait preuve de longanimité ou de douceur envers ceux dont on pourrait se venger ; on fait preuve de patience à l’égard de ceux dont on ne peut se venger. Aussi ne dit-on jamais : « La patience » de Dieu, tandis qu’il est souvent question de sa longanimité ou de sa douceur, comme dans ce passage de saint Paul lui-même : « Méprisez-vous donc les trésors de sa bonté, de sa tolérance et de sa longanimité ? » (Rom. 2,4) – « En toutes rencontres ». Il ne s’agit pas d’avoir de la patience aujourd’hui seulement, et de ne plus en avoir ensuite. « Que Dieu vous donne toute la sagesse et toute l’intelligence spirituelle ». Autrement comment connaître sa volonté ? Cette volonté, ils croyaient la connaître ; mais leur sagesse n’était pas une sagesse spirituelle. « Afin que vous marchiez dans la vie d’une manière digne de Dieu ». Voilà en effet la meilleure ligne de conduite à suivre ! Voilà ce qui s’appelle le droit chemin. Quand on sera bien pénétré de la bonté de Dieu (et on en sera pénétré, en voyant qu’il nous livre son Fils), on aura plus d’ardeur pour le servir. D’ailleurs, nous ne nous bornons pas à demander pour vous la science ; nous demandons que votre conduite témoigne de vos lumières ; car celui qui sait et qui ne pratique pas, mérite toujours d’être puni. « Afin que vous marchiez dans la vie », dit-il. C’est-à-dire, telle est la ligne que vous devez suivre constamment et toujours. Il nous est aussi nécessaire de suivre le droit chemin de la vie que de marcher. Il appelle toujours la vie un chemin, un voyage, et avec raison. Il nous prouve que c’est là le plan de vie que nous devons nous proposer ; il n’a rien de commun avec la vie mondaine. C’est un grand mérite que cette vie selon Dieu. « Afin que vous marchiez dans la vie d’une manière digne de Dieu, et de bonnes œuvres en bonnes œuvres ». Afin que vous marchiez sans vous arrêter. Puis, en se servant d’une expression métaphorique, il ajoute : « Portant les fruits de la vertu, et grandissant dans la connaissance de Dieu ; afin que, grâce à la puissance de Dieu », vous deveniez forts, autant que l’homme peut être fort. « Par la puissance de Dieu ». Voilà une parole bien consolante ! Il n’a pas dit : La vertu, le pouvoir, mais la puissance » ; cette expression a plus de grandeur. « Par la puissance », dit-il, c’est-à-dire par la domination « de sa gloire » ; car sa gloire est partout toute-puissante. Il vous a consolés en vous disant qu’après avoir marché dans le déshonneur et dans l’opprobre, vous avez suivi ensuite une marche digne du Seigneur. Il s’agit ici du Fils de Dieu, souverain maître de la terre et du ciel, du Fils de Dieu dont la gloire règne dans tout l’univers. Il ne s’est pas borné à dire : Soyez forts ; il a dit : Soyez forts autant que doivent l’être les serviteurs d’un maître aussi fort. « En la connaissance de Dieu ». Il insiste sur cette connaissance ; car l’erreur consiste à ne pas connaître Dieu, comme il faut. Afin que vous croissiez, dit-il, dans la connaissance de Dieu. Quand on ne connaît pas le Fils, on ne connaît pas le Père non plus. Il faut donc apprendre à connaître Dieu ; car sans cela, de quoi sert la vie ?
« Pour avoir, en toutes rencontres, la patience et la longanimité, accompagnées de la joie. Rendant grâces à Dieu ». Puis, pour les exhorter, il ne rappelle pas ces biens encore cachés à leurs yeux, auxquels il a fait cependant allusion d’abord en ces termes : « À cause de vos espérances qui reposent dans le ciel » ; il leur rappelle ce qui s’est déjà passé. Car c’est sur le passé que repose l’avenir. Il suit cette méthode en plusieurs endroits. Car le récit de ce qui a eu lieu fait croire aux paroles de l’orateur, et éveille l’attention de l’auditoire. « Rendant grâces à Dieu avec joie », dit-il. C’est là une conséquence de ce qu’il a déjà dit : Nous ne cessons de prier pour vous, et de rendre grâces à Dieu de ce qu’il a fait pour vous. Vous voyez comme il en vient à parler du Fils de Dieu. Si nous rendons grâces à Dieu, avec tant de