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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/14

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être les plus honorés et les plus aimés : il attestera même bientôt leur grande vertu. – D’ailleurs, il déclare sa dignité d’apôtre quand il veut, dans son épître, établir ou régler quelque affaire très grave. Mais, à l’égard des Philippiens, il n’a pas à leur mander autre chose que ce qu’ils savaient déjà.
« Aux saints en Jésus-Christ qui sont à Philippes ». Comme vraisemblablement les juifs s’adjugeaient à eux-mêmes le nom de « saints », d’après l’ancien oracle qui les désignait comme le peuple saint et choisi (Deut. 7,6), l’apôtre a soin d’ajouter pour cette raison : « Aux saints en Jésus-Christ ». Car désormais voilà seulement les saints ; les autres à l’avenir ne sont que des profanes.
« Aux coévêques et diacres… » Qu’est-ce à dire ? Une seule cité avait-elle donc plusieurs évêques ? Non ; mais sous ce nom il a désigné les prêtres. Ces noms, alors, étaient communs et réciproques ; l’évêque même s’appelait diacre. Témoin cette ligne à Timothée : « Remplissez votre diaconie », bien qu’il fût évêque, puisque ce caractère épiscopal ressort de ces autres paroles au même disciple : « N’imposez légèrement les mains à personne » ; ailleurs au contraire il lui écrit : (La grâce) vous a été donnée par l’imposition des mains des prêtres », et pourtant des simples prêtres n’auraient pu ordonner un évêque. – De même écrivait-il à Tite : « Je vous ai laissé en Crète, afin que vous y établissiez des prêtres en chaque ville, selon l’ordre que je vous en ai donné, choisissant celui qui sera irréprochable, qui n’aura épousé qu’une femme » ; autant de traits qui désignent l’évêque, puisqu’il ajoute, immédiatement après le texte précédent : « Car il faut que l’évêque soit irréprochable, comme étant le dispensateur et l’économe de Dieu ; qu’il ne soit pas orgueilleux… » Ainsi, jadis, comme je le disais, les prêtres étaient appelés ou évêques ou diacres de Jésus-Christ ; et les évêques s’appelaient prêtres : tellement que même de nos jours, plusieurs évêques écrivent à leurs ministres inférieurs : À notre coprêtre, codiacre ; bien qu’avec le temps, chaque dignitaire ait, enfin reçu son nom particulier, et que l’un s’appelle désormais évêque, l’autre, prêtre.
« Aux coévêques », continue-t-il, « et aux diacres ; que Dieu notre Père et Jésus-Christ notre Seigneur, vous donnent la paix ». On peut ici faire une question. Pourquoi ne s’adressant jamais au clergé d’autres cités, par exemple, à ceux de Rome, de Corinthe, d’Éphèse, mais saluant en général en ces termes « À tous les saints, ou à tous les fidèles, à tous « nos bien-aimés », pourquoi ici écrire au clergé ? – Sans doute parce que c’étaient des clercs qui lui avaient remis la lettre des Philippiens, porté leur aumône, et député Epaphrodite. « Je rends grâces à mon Dieu, toutes les fois que je me souviens de vous ». Il a écrit ailleurs : « Obéissez à vos prélats et soyez-leur soumis ; car eux à leur tour veillent sans cesse comme devant rendre compte de vos âmes ; qu’ils aient donc à le faire avec bonheur, et non avec gémissement ». Autant les fautes des disciples doivent faire gémir, autant la joie à parler d’eux démontre leurs progrès dans le bien. Voici donc sa pensée : Toutes les fois que je me souviens de vous, je rends gloire à Dieu. S’il remercie, c’est qu’il garde la mémoire de leurs grandes vertus. Je glorifie Dieu, et, ajoute-t-il, je le prie. Car, de ce que vous êtes entrés dans le chemin de la vertu, il ne suit pas que je doive cesser de prier pour vous ; au contraire, je persévère dans ma prière : « Je rends grâces à Dieu, chaque fois que je me souviens de vous » et toujours, et dans « toutes mes prières pour vous tous, et c’est avec joie que je prie ». Je me souviens « toujours », et non pas seulement à l’instant de mon oraison. C’est avec raison qu’il ajoute Je le fais « avec joie » ; car il se peut qu’on prie avec tristesse, comme lui-même ailleurs le témoigne : Oui, dit-il aux Corinthiens, « c’est avec peine, avec serrement de cœur, à travers bien des larmes que je vous ai écrit »..(Je rends grâces à Dieu) « de ce que vous avez participé à la propagation de d’Évangile » (par vos aumônes) « depuis le premier jour jusqu’à présent ».
2. C’est un grand éloge que celui que donne aux Philippiens ce passage de l’apôtre ; c’est un éloge très grand, et qui d’ordinaire ne s’accorde qu’aux apôtres et aux évangélistes. Loin de borner votre zèle, semble-t-il dire, à cette unique cité, qui seule, après tout, vous a été commise et confiée, vous ne négligez aucun moyen de prendre part à mes travaux, partout présents, et concentrant en union avec moi toutes vos pensées et toute votre action à la prédication de l’Évangile. Et ce n’est pas à tel ou tel instant