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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/170

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ne parle pas ici de cette femme assise dans son palais, quand Joseph était plongé dans un cachot. Joseph, lors même qu’il était nu, avait pour vêtements sa continence et sa pudeur ; mais elle, avec toute sa parure, était encore plus laide que si elle s’était montrée toute nue ; car c’était une femme sans pudeur. Oui, avec tous vos vêtements dispendieux, ô femme, vous voilà plus laide que si vous étiez nue ; car vous avez dépouillé la pudeur.
Eve aussi était nue, et, quand elle se revêtit d’ornements, elle devint laide. Tant qu’elle resta nue, elle eut pour ornement la gloire de Dieu ; mais une fois revêtue de la livrée du péché, elle devint laide. Et vous aussi, vos ornements mondains vous enlaidissent. Votre luxe ruineux et excessif ne suffit pas pour mettre en relief votre beauté, et une femme parée peut sembler moins belle que si elle n’avait pas d’ornements ; je vais vous le prouver. Vous êtes-vous avisée parfois de vous habiller en joueuse de flûte, et n’était-ce pas là un costume déshonnête et indécent ? Pourtant c’était de l’orque vous portiez ; mais c’était justement tout cet or qui faisait votre honte. Tout ce luxe dispendieux, en effet, convient aux histrions, aux danseurs, aux acteurs tragiques, aux baladins, aux bestiaires ; mais une vraie chrétienne a une autre parure qu’elle a reçue de Dieu : cette parure, c’est le Fils unique de Dieu lui-même. « Vous tous, qui avez été baptisés en Jésus-Christ, vous êtes revêtus du Christ ». (Gal. 3,27) Dites-moi, je vous prie, si l’on vous donnait des vêtements royaux, et si vous échangiez cette parure contre la livrée abjecte d’un mercenaire, ne trouveriez-vous pas déjà votre châtiment dans votre bassesse ? Quoi ! vous voilà revêtue du Maître souverain des anges et du ciel, et vous restez attachée à la terre ! J’ai pour but ici de démontrer que cet amour excessif de la parure, est à lui seul, un grand mal, quand même il n’entraînerait avec lui aucune suite fâcheuse, quand même il serait innocent ; car, à lui seul, il nous dispose à la vanité et au faste.
Mais ce soin exagéré de notre parure produit en abondance les plus mauvais fruits : il engendre les soupçons, les dépenses inutiles, les médisances, la cupidité. Pourquoi ces ornements, je vous le demande ? Est-ce pour plaire à votre mari ? Parez-vous donc, quand vous restez chez vous. Mais c’est le contraire que vous faites. Si c’est à votre mari que vous voulez plaire, ne cherchez donc pas à plaire aux autres ; car en voulant plaire aux autres, vous ne pouvez plaire à votre mari. Vous devriez donc quitter votre parure, quand vous allez au marché, quand : vous allez à l’église. En d’autres termes, pour plaire à votre mari, vous – devriez recourir aux séductions des honnêtes femmes et non pas à celles des courtisanes. Car, je vous le demande, qu’est-ce qui distingue la courtisane de la femme légitime ? C’est que la première a pour unique affaire de charmer ses amants par sa beauté, tandis que la seconde dirige sa maison et partage avec son mari la vie commune et les soins de la famille. Peut-être – avez-vous une fille ? Eh bien ! servez-lui de sauvegarde ; les mœurs dépendent de l’éducation, et les filles imitent leur mère. Donnez à votre fille l’exemple de la modestie et de la pudeur ; que ce soit là votre parure ; méprisez tout autre ornement. Mais j’en ai dit assez. Que ce Dieu qui a fait le monde, chef-d’œuvre de beauté ; que ce Dieu qui nous a donné la parure de l’âme, nous serve aussi de parure et d’ornement ; qu’il nous donne pour vêtement sa propre gloire, afin que tout resplendissants de l’éclat de nos bonnes œuvres et vivant pour la gloire de Dieu, nous rendions gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit.

HOMÉLIE XI.


CONDUISEZ-VOUS AVEC SAGESSE ENVERS CEUX QUI SONT HORS DE L’ÉGLISE, EN RACHETANT LE TEMPS ; QUE VOTRE ENTRETIEN, TOUJOURS ACCOMPAGNÉ D’UNE DOUCEUR ÉDIFIANTE, SOIT ASSAISONNÉ DU SEL DE LA DISCRÉTION, EN SORTE QUE VOUS SACHIEZ COMMENT VOUS DEVEZ RÉPONDRE A CHAQUE PERSONNE. (IV, 5-11)