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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/171

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Analyse.

  • 1. Il faut être circonspect dans sa conduite et dans son langage ; il faut rendre à chacun ce qui lui appartient. – Affection de Paul pour ses frères.
  • 2. Paul recommande ses amis aux Colossiens.
  • 3. Humilité de Paul. – Il faut se réjouir – avec ceux qui se réjouissent, et pleurer avec ceux qui pleurent. – Il faut applaudir aux succès de ses frères, pour les partager.
  • 4. L’envie doit être foulée aux pieds.


1. Les conseils que le Christ donnait à ses disciples, Paul les donne ici. Que disait le Christ ? « Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Ayez donc la prudence du serpent et la simplicité de la colombe ». (Mt. 10,16) C’est-à-dire, prenez vos précautions, ne donnez jamais prise sur vous. S’il ajoute : « Avec ceux qui sont hors de l’Église », c’est que nous avons moins de précautions à prendre avec ceux qui sont nos membres qu’avec les étrangers. Entre frères, on se passe bien des choses, parce qu’on s’aime ; pourtant, même entre frères, il faut se tenir sur ses gardes ; mais il faut y être surtout avec les étrangers. Car autre chose est de se trouver au milieu de ses ennemis, autre chose est de vivre parmi ses amis. Après les avoir intimidés, voyez comme Paul les rassure. « En rachetant le temps », dit-il ; car le moment présent est court. S’il leur tenait ce langage, ce n’était point pour en faire des caméléons et des hypocrites, car l’hypocrisie est folie plutôt que sagesse. Mais il veut dire : Dans les choses indifférentes, ne donnez pas prise sur vous. C’est ce qu’il dit aux Romains : « Rendez à chacun ce qui lui est dû ; le tribut, à qui vous devez le tribut ; les impôts, à qui vous devez les impôts ; hommage à qui vous devez hommage ». (Rom. 13,7) Ne combattez que pour la parole de Dieu ; c’est cette parole seule qui doit vous donner le signal de la guerre. Car si, pour d’autres motifs, nous levions l’étendard de la guerre contre les étrangers, ce serait là une guerre sans profit pour nous, qui les rendrait pires qu’ils ne sont, et qui leur donnerait, en apparence, le droit de nous accuser ; par exemple, si nous ne voulions pas payer l’impôt et rendre hommage à qui de droit, si nous n’étions pas humbles. Voyez-vous comme Paul s’abaisse, quand il ne s’agit pas de la parole de Dieu ? Écoutez ce qu’il dit à Agrippa : « Je m’estime heureux d’avoir à plaider ma cause devant vous, parce que vous connaissez à fond les coutumes des Juifs et les questions qui s’agitent entre eux ». (Act. 26,2-3) S’il avait cru devoir humilier le souverain, tout aurait été perdu pour lui. Écoutez encore saint Pierre qui répond aux Juifs avec douceur : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes ». (Act. 5,29) Et pourtant ces hommes, qui avaient fait le sacrifice de leur vie, auraient pu se répandre en outrages et tout oser. Mais s’ils avaient fait le sacrifice de leur vie, ce n’était pas pour courir après une vaine gloire ; car alors leurs insultes n’auraient été que de la jactance. Mais leur unique but était de publier la parole de Dieu et de parler en toute liberté et en toute assurance. Courir après la vaine gloire aurait été, de leur part, un acte d’impudence.
« Que votre entretien, étant toujours accompagné d’une douceur édifiante, soit toujours assaisonné du sel de la discrétion ». Cela veut dire que cette douceur et cette grâce de style ne doivent pas être employées indifféremment. On peut, en effet, parler avec urbanité et avec grâce, sans oublier pour cela la dignité du langage et les convenances. « En sorte que vous sachiez comment vous devez répondre à chaque personne ». Il ne faut donc point parler à tous nos auditeurs le même langage ; il faut savoir faire la différence des gentils et de nos frères. Parler autrement serait le comble de la folie.
« Tychique, mon très cher frère, ce fidèle ministre du Seigneur que nous servons tous deux, vous apprendra tout ce qui me regarde ». Ah ! que saint Paul est sage ! Dans ses lettres, il ne met rien qui ne soit nécessaire et urgent. C’est qu’avant tout il ne veut pas être prolixe. Puis il veut faire respecter son envoyé, il veut que cet envoyé ait quelque chose à dire. Il montre aussi l’affection qu’il a pour lui ; car autrement il n’en aurait pas fait son mandataire. Enfin, il y avait certains détails qu’il ne pouvait exprimer par lettres. « Mon très cher frère », dit-il. C’était donc pour lui un confident auquel il ne cachait rien. « Ce fidèle ministre du Seigneur que nous servons tous deux ». S’il est fidèle, il est incapable d’en imposer. S’il sert Dieu avec