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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/182

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première remet la fiancée entre les mains de la seconde. La fiancée est là, entre ces deux troupes : elle n’est plus jeune fille, elle n’est pas encore femme. Elle est en train de passer d’une classe dans une autre.
Mais pourquoi ces courtisanes ? Elles devraient, quand il y à un mariage, se cacher sous terre ; car leur métier est l’abus dégradant de l’union des sexes, et malgré cela, nous les admettons à nos noces ! Quoi que vous fassiez, vous vous gardez bien de prononcer même une parole qui pourrait être en contradiction avec ce que vous faites. Quand vous semez, quand vous mettez la vendange sous le pressoir, vous êtes sourd à toute parole qui peut faire une allusion quelconque à l’ivraie et au vin tourné. Et dans un moment où il faut du sérieux et de la modestie, vous amenez chez vous la lie de la société ! Êtes-vous occupé à composer un parfum ; vous éloignez de vous toute odeur malsaine. Eh bien ! le mariage est un parfum ; pourquoi cette boue nauséabonde que vous laissez entrer chez vous lorsqu’il se prépare ? Eh quoi ! cette jeune mariée danse, sans rougir, pour cette autre jeune fille qui lui fait vis-à-vis. Elle devrait cependant être encore plus sérieuse et plus modeste qu’elle, puisqu’elle sort des bras de sa mère et non d’une école de danse. Je dis même qu’une jeune fille ne devrait jamais figurer à un bal de noce.
5. Dans le palais d’un roi, les personnages de distinction se tiennent à l’intérieur et entourent la personne du souverain ; les autres se tiennent en dehors. Restez donc chez vous auprès de votre femme. Et vous, jeune femme, restez aussi maintenant chez vous, ne faites point parade de votre virginité. Il y a près de vous deux troupes ; l’une qui montre dans quel état elle vous remet entre les mains de l’autre, l’autre chargée de veiller sur vous. Pourquoi cette tache que vous imprimez à votre virginité ? Si votre extérieur est si peu décent, votre époux vous jugera sur votre extérieur. Car c’est toujours une honte d’avoir de mauvaises manières, fût-on la fille d’un roi. Qui vous empêche d’être digne ? Est-ce votre pauvreté ? Est-ce votre humble condition ? Mais une jeune fille, quand même elle serait esclave, doit avoir de la réserve. « Car, en Jésus-Christ, il n’y a ni esclave, ni homme libre ». (Gal. 3,28) Est-ce que le mariage serait un théâtre ? Non, c’est un mystère qui représente une grande chose. Si vous ne respectez pas le mariage, respectez au moins ce qu’il représente. « Ce sacrement est grand en Jésus-Christ et en l’Église », dit l’apôtre. (Eph. 5,32) C’est Jésus-Christ et l’Église qu’il représente, et vous amenez des courtisanes à la célébration de ce mystère !
Mais, dites-vous, si les jeunes filles, si les jeunes mariées ne dansent pas, qui donc dansera ? Personne. La danse n’est pas chose si nécessaire. Chez les gentils, la danse entrait dans la célébration des mystères ; mais nos mystères à nous demandent le silence, la décence et le sérieux, la réserve et la modestie. Un grand mystère est en train de s’accomplir ; hors d’ici les courtisanes ! Hors d’ici les profanes ! Mais quel est ce mystère ? Ce sont deux créatures humaines qui s’unissent pour n’en former qu’une seule. Pourquoi, à l’arrivée des deux époux, n’y a-t-il ni danses, ni bruit de cymbales ? Pourquoi ce silence profond ? Et quand ils s’approchent l’un de l’autre, en représentant non pas une froide image terrestre, mais l’image même de Dieu, pourquoi ce désordre qui jette le trouble dans l’assemblée et qui souille les âmes ? Voilà deux êtres qui viennent s’unir, pour ne faire qu’un seul être ! C’est un mystère de charité qui commence ! Tant qu’ils ne seront pas unis, tant qu’ils continueront à former deux êtres séparés, ils ne pourront donner la vie à une foule d’autres êtres ; leur union seule produira cet effet. Nous voyons, par là, combien l’union est puissante. Dès l’origine du inonde, le grand Ouvrier a fait deux créatures de la seule créature humaine qui existât. Et, pour montrer que cette séparation ne les empêche pas de ne faire qu’un, il n’a pas voulu que chacun des deux, en particulier et à lui seul, pût travailler à l’œuvre de la génération. Car l’un de ces deux êtres, quand il n’est pas joint à l’autre, n’est pas entier ; il ne forme que la moitié d’un tout. Et voilà pourquoi il est inhabile à procréer. Avez-vous fait attention au mystère du mariage ? Dieu s’est servi d’une créature humaine, pour en faire une autre, puis il a réuni ces deux créatures et n’en a fait qu’une. Voilà pourquoi on peut dire que c’est un seul être qui en produit un autre. Car le mari et la femme ne sont pas deux êtres distincts ; ils ne sont qu’une chair, et à l’appui de cette vérité, on peut citer bien des preuves. On peut citer. on peut citer Marie, la mère du