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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/185

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mariage n’est pas une affaire d’ostentation ; vous ne menez pas votre fille à la parade. Contentez-vous des ressources que vous trouvez chez vous, invitez vos voisins, vos amis et vos parents ; invitez tous les gens de bien, tous les gens honnêtes que vous connaissez, et priez-les de se contenter de ce que vous leur offrez. Point de danseurs de profession : c’est une dépense superflue et peu honorable. Avant tout, invitez le Christ à ces noces, vous savez quels sont ses représentants ici-bas. Le bien que vous ferez, dit-il, au plus humble d’entre vous, c’est à moi que vous le ferez. (Mt. 25,45)
Ce n’est pas, gardez-vous de le croire, un ennui et une corvée d’inviter les pauvres pour l’amour du Christ ; mais c’est une corvée bien lourde d’inviter des courtisanes. Inviter les pauvres est un moyen de s’enrichir ; inviter les courtisanes est un moyen de se ruiner et de se perdre. Donnez à la jeune mariée, pour parure, non pas des robes enrichies d’or, mais des vêtements ordinaires dont la pudeur et la bonté rehaussent l’éclat. Au lieu de vêtements brodés d’or, qu’elle revête la pudeur et la décence, sans rechercher les parures mondaines. Point de bruit, point de désordre. Qu’on appelle le fiancé et qu’on remette entre ses mains la jeune fille. Que la sobriété, que la pure allégresse de l’âme règnent au festin. De telles noces seront la source d’une foule d’avantages et ne compromettront pas votre existence. Mais les noces, pour ne pas dire les parades matrimoniales d’aujourd’hui, de combien de maux ne sont-elles pas la source ? Le festin est terminé et, tout aussitôt, on s’inquiète, on a peur que quelque pièce d’argenterie prêtée ne se retrouve pas, et voilà la gaieté qui fait place à une insupportable inquiétude.
Mais cette inquiétude et ce chagrin, direz-vous, sont pour la personne chargée de l’ordonnance du repas. Ah ! la nouvelle mariée elle-même n’en est pas exempte. Que dis-je ? tous les désagréments qui surviennent ensuite, deviennent son partage. Cette ruine complète, quel sujet de tristesse ! Cette demeure livrée à l’abandon, quel sujet de chagrin l d’un côté le Christ, de l’autre le démon ; d’un côté l’allégresse, de l’autre l’inquiétude ; d’un côté le plaisir, de l’autre la douleur ; d’un côté la dépense, de l’autre rien qui y ressemble ; d’un côté l’opprobre et la honte, de l’autre la modération ; d’un côté l’envie, de l’autre absence complète de jalousie ; d’un côté l’ivresse, de l’autre la sobriété, le salut, la sagesse. Réfléchissons à tous ces détails et arrêtons-nous dans cette mauvaise voie où nous sommes soyons agréables à Dieu et montrons-nous dignes d’obtenir les biens promis à ceux qui l’aiment, par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, auquel, conjointement avec le Père et le Saint-Esprit, gloire, honneur et puissance, maintenant et toujours, et dans tous les siècles des siècles ! Ainsi soit-il.
Traduit par M. BAISSEY.