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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/184

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des suites désastreuses. Ce ne sont qu’habitudes impies. « Point de paroles déshonnêtes », dit saint Paul, « point de paroles insensées ou bouffonnes ». (Eph. 5,4) Et pourtant, quand on assiste à une noce, on n’entend que propos déshonnêtes, insensés ou bouffons. Cette habitude est devenue un art qui fait honneur à celui qui l’exerce : oui, le vice est devenu un art. Et cet art, nous ne le pratiquons pas à la légère ; nous déployons, en l’exerçant, notre application et notre science. Et d’ailleurs, c’est le démon en personne qui commande et qui dirige ces troupes de bouffons. Car la débauche loge à la même enseigne que l’ivresse : là où circulent les propos obscènes, le démon prend toutes ses aises. A ces repas de noces, avez-vous bien le cœur, je vous le demande, d’invoquer le démon, en célébrant les mystères du Christ ? Vous me trouvez peut-être fâcheux et importun, car c’est encore l’effet de votre perversité extrême de tourner en ridicule l’austérité de vos censeurs. Eh ! n’entendez-vous pas saint Paul qui vous dit : « Quoi que vous fassiez, que vous mangiez ou que vous buviez, agissez toujours pour la gloire de Dieu ? » Vous, au contraire, vous vous occupez à dire de mauvais propos et des infamies. N’entendez-vous pas cette parole du Prophète : « Servez le Seigneur avec une crainte respectueuse et avec une allégresse mêlée de terreur ? ». (Ps. 2,11)
Vous, au contraire, vous vous plongez dans la mollesse. Ne pouvez-vous donc pas vous livrer à des plaisirs sans danger ? Voulez-vous entendre de mélodieux accords ? Certes vous n’en auriez pas besoin ; mais je me plie à votre faiblesse, si vous voulez ; au lieu des concerts de Satan, écoutez les concerts des anges. Voulez-vous voir des danses ? Contemplez celles des anges. Et comment faire pour les voir ? me direz-vous. Pour cela vous n’avez qu’à chasser tous ces musiciens, tous ces danseurs profanes. Alors le Christ viendra à vos noces ; or le Christ est toujours accompagné du chœur des anges. Il opérera, si vous voulez, des miracles, comme autrefois ; il changera encore l’eau en vin et fera d’autres prodiges. Cette joie dissolue, ces désirs qui bientôt vous laissent froids, se changeront bientôt en joie spirituelle. Voilà ce qui s’appelle changer l’eau en vin. Là où sont vos joueurs de flûte le Christ ne paraît pas ; mais entre-t-il dans la salle, il les chasse et opère des miracles. Quoi de plus choquant que ces pompes de Satan, où il n’y a que confusion, où, s’il n’y a pas confusion, il n’y a que honte et amertume ?
7. Rien de plus doux que la vertu ; rien de plus suave que la tempérance ; rien de plus désirable que l’honneur. Que les noces soient telles que je le demande, et l’on verra quel plaisir on y trouve. Faites bien attention aux conditions que je pose : pour une jeune fille, il faut, avant tout, chercher un mari qui puisse être à la fois son époux, son protecteur et son tuteur. Il y a là un corps sur lequel il faut mettre une tête. Ce n’est pas une esclave que vous donnez à un maître ; c’est votre fille à laquelle vous allez donner un époux. Ne cherchez ni la richesse, ni la splendeur de la naissance, ni l’éclat du berceau ; tout cela est superflu ; mais demandez chez l’époux de votre fille, la piété, la douceur, la véritable sagesse, la crainte de Dieu, si vous voulez que votre fille soit heureuse. En courant après la richesse, loin de faire le bonheur de votre fille, vous ferez son malheur ; car, de libre qu’elle était vous la rendrez esclave. L’or n’est point aussi doux que la servitude est amère. Ne cherchez donc pas tous ces vains avantages ; donnez à votre fille un mari de sa condition. Si la chose est impossible, cherchez un mari plutôt pauvre que riche, si vous ne voulez pas pour votre fille un maître, mais un époux.
Quand vous l’aurez bien choisi, quand vous serez décidé à lui donner votre fille, priez le Christ d’honorer cette union de sa présence ; il ne s’y refusera pas ; car c’est lui qui doit être présent dans ce mystère. Et priez-le de vous donner, pour votre fille, l’époux que vous demandez. Ne restez pas au-dessous de l’esclave d’Abraham qui, parti pour un si long voyage, sut deviner à qui il devait avoir recours et vit son entreprise couronnée d’un plein succès. Si vous flottez dans l’incertitude, si vous n’êtes pas encore fixé, ayez recours à la prière et dites à Dieu : Que votre volonté et votre prévoyance me viennent en aide. Reposez-vous sur lui de toute cette affaire. De cette manière, vous l’honorerez et il vous récompensera. Il y a ici deux chose à faire : il faut confier à Dieu les intérêts de votre fille ; il faut lui chercher un mari selon Dieu, c’est-à-dire un homme probe et honorable. Au moment de la célébration, n’allez pas de maison en maison emprunter des miroirs et des objets de toilette. Le