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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/194

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tout à Dieu. « Pour prêcher hardiment devant vous l’Évangile de Dieu parmi beaucoup de combats ». On ne peut dire que nous ayons eu ces combats à Philippes, mais non parmi vous. « Vous m’êtes témoins des peines, des inquiétudes, des périls où nous avons été dans votre ville ». Il dit la même chose en écrivant aux Corinthiens : « J’ai été parmi vous dans de grandes afflictions, dans de grands travaux, dans une grande crainte, et dans de grands tremblements ». (1Co. 11, 3)

« Car nous ne vous avons point prêché une doctrine d’erreur et d’impureté, et nous n’avons point eu dessein de vous tromper, mais comme Dieu nous a choisis pour nous confier son Évangile, nous parlons aussi, nous, pour plaire non aux hommes, mais à Dieu qui voit le fond de nos cœurs (3, 4) ». C’est donc, comme je l’ai déjà dit, de la fermeté de ce peuple que saint Paul tire des preuves pour montrer que sa prédication était l’ouvrage de Dieu. Autrement, s’il y eût eu de l’illusion et de la tromperie, nous n’aurions pas enduré des maux si excessifs qu’ils ne nous permettaient même pas de respirer. Que prouvait donc notre patience ? sinon que si un avenir de bonheur ne nous était réservé, ou si nous n’eussions été pleinement assurés que notre espérance n’était pas vaine, nul d’entre nous n’aurait de bon cœur souffert tant de maux. Qui donc voudrait, pour les seuls biens d’ici-bas, souffrir tant de maux, mener une vie d’angoisses et pleine de périls ? Ôtez l’espérance des biens à venir et dites-moi comment les apôtres auraient pu convertir une seule personne ? Quoi de plus capable d’effrayer des disciples que de voir les maîtres qui les instruisent si persécutés ? Mais cela ne vous a point effrayés. « C’est que nous ne vous avons point prêché une doctrine d’erreur ». L’Évangile n’est pas un leurre ni une tromperie pour que nous reculions devant quelque chose. Notre doctrine n’est pas une doctrine d’abomination comme les pratiques des sorciers et des magiciens. Ce n’est pas une doctrine « d’impureté » que nous vous prêchons. Nous ne sommes ni artificieux, ni factieux comme Theudas.

« Mais comme Dieu nous a choisis pour nous confier son Évangile, nous parlons aussi non pour plaire aux hommes, mais à Dieu ». Vous le voyez, ce n’est pas ici une affaire d’amour-propre ; nous ne cherchons pas à plaire aux hommes, mais à Dieu qui connaît le fond de nos cœurs. Autrement, quelle serait la raison de notre conduite ? Après ce témoignage flatteur, qu’ils ne font rien pour plaire aux hommes ni pour rechercher leurs honneurs, il ajoute : « Comme nous avons été choisis de Dieu pour être chargés de son Évangile ». C’est comme s’il disait : S’il ne nous avait vus affranchis de toute préoccupation terrestre, il ne nous aurait pas choisis. Tels donc il nous a choisis, tels nous restons. – « Nous avons été choisis de Dieu après examen » ; il nous a examinés et nous a confiés son Évangile. Nous restons dans le même état dans lequel nous avons été approuvés de Dieu. La charge de prêcher l’Évangile de Dieu est une preuve de vertu ; Dieu ne nous aurait pas approuvés pour cette mission s’il avait vu en nous quelque chose de mauvais. Quand saint Paul dit que Dieu l’a éprouvé, il veut dire simplement qu’il l’a vu bon et qu’il l’a choisi pour apôtre, et non qu’il l’ait mis à l’épreuve. Nous avons besoin, nous ; de mettre à l’épreuve pour savoir à quoi nous en tenir ; mais Dieu connaît tout d’une seule vue et sans épreuve.— Donc, nous parlons comme doivent parler ceux que Dieu a choisis et qu’il a jugés dignes de l’Évangile. Et nous ne parlons pas comme si nous avions à plaire aux hommes, c’est-à-dire, ce n’est pas à cause de vous que nous faisons ce que nous faisons. Et parce qu’il les avait loués, pour prévenir le soupçon que cela aurait pu causer, il ajoute : « Car nous n’avons usé d’aucune parole de flatterie, comme vous le savez, et notre ministère n’a point servi de prétexte à notre avarice, Dieu m’en est témoin. Nous n’avons point non plus recherché aucune gloire de la part des hommes, ni de vous ni d’aucun autre. Nous pouvions cependant, comme apôtre de Jésus-Christ, vous charger de notre subsistance (5, 6) ». – Nous n’avons pas usé de flatterie, comme font ceux dont l’intention est de tromper, de s’emparer des hommes et de les dominer. On ne peut dire que nous vous ayons adulés pour vous dominer, ou nous approprier vos richesses. Qu’il ne les a pas flattés pour les dominer, la chose est claire, et il en appelle à leur témoignage ; qu’il ne les a pas flattés par un motif d’avarice, si l’on en peut douter, il en prend Dieu à témoin. – « Nous n’avons point non plus