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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/195

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recherché aucune gloire de la part des hommes, ni de vous, ni d’aucun autre. Nous pouvions cependant, comme apôtre de Jésus-Christ, vous charger de notre subsistance ». C’est-à-dire, nous n’avons pas recherché les honneurs, nous n’avons pas étalé de faste, nous ne nous sommes point fait escorter. Et quand nous l’aurions fait, qui aurait pu nous condamner ? Si les ambassadeurs des rois sont honorés, quels qu’ils soient personnellement, à combien plus forte raison devions-nous l’être ? Il ne dit pas : Nous avons été dans l’opprobre, nous avons été laissés sans honneur, ç’eût été leur faire un reproche ; il dit : Nous n’avons pas recherché les honneurs. Si nous n’avons pas recherché les honneurs, lorsque la prédication nous donnait ce droit, il est clair que nous n’agissons pas en vue de la gloire humaine. Quand même cependant nous aurions recherché les honneurs, qui eût pu nous en faire un crime ? N’est-il pas convenable que les envoyés de Dieu aux hommes, que ceux qui viennent du ciel sur la terre, en qualité d’ambassadeurs, soient accueillis même avec beaucoup d’honneurs ? Par surérogation nous n’avons rien fait de cela, pour fermer la bouche à nos adversaires.

3. Et vous ne pouvez dire que telle a été ma conduite envers vous, mais non envers les autres. Voici, en effet, ce qu’il dit écrivant aux Corinthiens : « Vous souffrez que l’on vous réduise en servitude, que l’on vous dévore, que l’on vous pille, que l’on s’élève, que l’on vous frappe au visage ». (2Co. 11,20) La même chose se trouve exprimée dans les passages suivants : « Son aspect », disent vos séducteurs en parlant de Paul, son aspect est misérable, son discours « méprisable » ; et « pardonnez-moi cette injure, etc. », (Id. 10,10 et 12, 13) Ici, dans son épître aux Thessaloniciens, il parle encore de l’argent qu’il pouvait demander pour sa subsistance, en qualité d’apôtre de Jésus-Christ.

« Mais nous avons été parmi vous comme de petits enfants, comme une mère qui nourrit et qui aime tendrement ses propres enfants. Ainsi dans l’affection que nous ressentions pour vous, nous aurions souhaité de vous donner, non seulement la connaissance de l’Évangile de Dieu, mais aussi notre propre vie, tant était grand l’amour que nous vous portions (7, 8) ». Nous avons été au milieu de vous comme de petits enfants ; nous n’avons montré ni orgueilleuse dureté, ni fastueuse hauteur « au milieu de vous ». C’est comme s’il disait : J’ai été l’un d’entre vous, je n’ai pas pris pour moi une place plus haute que les autres.

« Nous avons été comme une mère qui nourrit et qui aime tendrement ses propres enfants ». Tel doit être le pasteur. Une mère caresse-t-elle son enfant pour en retirer de la gloire ? Exige-t-elle de lui de l’argent pour le lait qu’elle lui donne ? Lui est-elle à charge ? lui fait-elle de la peine ? Saint Paul donc veut montrer, par cette comparaison, jusqu’où doit aller l’affection d’un pasteur pour son peuple. C’est cet amour, dit-il aux Thessaloniciens, que nous avons eu pour vous. Non seulement nous n’avons rien désiré de vos biens, mais s’il avait fallu donner notre vie même pour vous, nous l’aurions fait de bon cœur. Est-ce là, dites-moi, l’effet d’un sentiment purement humain ? qui serait assez insensé pour le croire ? Nous aurions voulu, dit saint Paul, vous donner non seulement l’Évangile de Dieu, mais notre propre âme. C’est donc plus de donner sa vie que de prêcher, parce que l’on souffre davantage en donnant sa vie. Il est vrai que l’Évangile est quelque chose de plus précieux : mais la mort aussi est quelque chose de plus pénible. Nous aurions voulu, dit l’apôtre, s’il eût été possible, livrer nos âmes pour vous. Comme il avait beaucoup loué ce peuple, il a soin de leur dire qu’il ne l’a pas fait pour rechercher la gloire, ni de l’argent, ni pour les flatter. Les Thessaloniciens avaient eu de grands combats à soutenir. Ils méritaient donc quelques louanges afin de s’affermir de plus en plus dans leurs bonnes résolutions. Cependant ces louanges pouvant devenir suspectes, saint Paul s’efforce de prévenir ces soupçons. C’est dans cette vue qu’il leur parle de ses périls. Et, d’autre part, afin que l’on ne croie pas qu’il parle de ses périls pour s’attirer des hommages en retour, il ajoute : « Parce que vous m’êtes très-chers ». J’aurais volontiers donné ma vie pour vous, parce que je vous suis étroitement attaché. Nous annonçons l’Évangile parce que Dieu nous l’ordonne ; mais notre affection pour vous est telle que, s’il le fallait, nous livrerions pour vous notre âme. Telle est l’amitié véritable, celui qui aime donnerait sa vie si elle lui était demandée et que cela fût possible. Que dis-je, si elle lui était demandée ? bien plus