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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/229

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la ville, attendant le juge. À l’arrivée d’un bon père, ses enfants, ses dignes enfants, montent sur un char, et vont au-devant de lui pour l’embrasser. Au contraire, les serviteurs, qui l’ont offensé, restent dans la maison. Eli bien, nous serons transportés sur le char de notre Père ; c’est lui-même qui l’a mis dans les nuées, et nous serons emportés dans les nuées. Voyez quel Donneur pour nous : il descend, et nous allons à sa rencontre, et, bonheur suprême, ainsi nous serons avec lui. « Qui racontera les œuvres de la puissance du Seigneur et qui fera entendre toutes ses louanges ? » (Ps. 105,2) De combien de faveurs il a honoré la race des hommes !

Les premiers morts ressuscitent, et c’est ainsi que se fait la rencontre universelle. Abel, le premier de tous les morts, ira alors au-devant de Dieu, avec tous ceux qui vivaient de son temps. Les anciens morts n’auront rien de plus que les autres ; celui qui est mort depuis si longtemps, qui est resté tant d’années sur la terre, ira à la rencontre de Dieu, avec tous les morts de son temps, et tous les autres. Si ceux-là nous ont attendus pour nous voir couronnés, comme l’apôtre le dit ailleurs : « Dieu ayant voulu, par une faveur particulière qu’il nous a faite, qu’ils ne reçussent qu’avec nous l’accomplissement de leur « bonheur » (Héb. 11,40), à bien plus forte raison les attendrons-nous de notre côté ; ou plutôt, ils nous auront attendus, mais nous, nous n’attendrons pas un instant. En effet, la résurrection sera l’affaire d’un moment, d’un clin d’œil. Quant à ce que dit l’apôtre, qu’il se rassembleront, cela veut dire qu’ils ressusciteront de partout ; ce sont les anges qui les rassembleront. La résurrection sera l’effet de la puissance de Dieu, ordonnant à la terre de rendre le dépôt qu’elle a reçu, et aucun serviteur n’en sera l’agent. C’est ainsi que, lorsqu’il appela Lazare, il n’eut qu’à lui dire : « Lazare, viens dehors ». (Jn. 11,43) Quant à « conduire auprès de Dieu », c’est ce qui se fait par le ministère des anges. Mais, si les anges les rassemblent et courent de différents côtés, comment les morts, sont-ils ravis jusqu’au ciel ? C’est après la descente des anges que les morts seront ainsi ravis ; c’est après qu’ils auront été rassemblés ; cela se fera d’une manière soudaine et à l’insu de tous. On verra d’abord la terre en mouvement, un mélange de poussière ; et, en même temps, tous les corps se réveillant à la fois de toutes parts, et cela sans qu’aucun serviteur prête son ministère ; un ordre pur et simple suffit pour que la terre, qui était pleine, devienne vide. Considérez cet immense événement : tous les morts, depuis Adam jusqu’au jour actuel, debout, ensemble, avec leurs femmes et leurs enfants ; il faudra voir un tel tumulte pour le comprendre. Et de même que le monde a ignoré tout le mystère d’un Dieu fait homme, de même nul n’aura rien deviné de cette résurrection.

2. Eh bien donc, quand cet événement s’accomplira, alors on entendra la voix de l’archange, donnant ses ordres aux anges, faisant retentir ses cris, et l’on entendra aussi les trompettes, ou plutôt le son des trompettes. Quel sera le tremblement, quelle sera l’épouvante des vivants de la terre ? Car « l’une est prise, et l’autre renvoyée ; l’un est saisi, et l’autre renvoyé ». (Mt. 24,40-41 ; Lc. 17,34-35) Que ressentira-t-on quand on verra les autres enlevés dans les airs, et qu’on sera soi-même renvoyé ? Un tel spectacle n’inspirera-t-il pas plus de terreur que tous les enfers qu’on peut se représenter ? Eh bien, supposons donc que le fait s’accomplit maintenant. Si une mort subite, ou, au milieu des villes, un tremblement de terre, si des menaces bouleversent, on le sait, nos âmes ; quand nous verrons la terre en éclats, et partout tant de prodiges, quand nous entendrons les trompettes, quand nous entendrons la voix de l’archange plus retentissante que toutes les trompettes, quand nous verrons le ciel s’abaisser sur nous, quand nous le verrons lui-même, Lui, le Roi de l’univers, Dieu, que ressentirons-nous ? Ah ! frémissons, je vous en prie, et soyons saisis d’épouvante, comme si le fait allait s’accomplir. Que l’ajournement ne soit pas, pour nous, une pensée qui nous rassure ; puisqu’il faut absolument que le fait s’accomplisse, que pouvons-nous gagner à l’ajournement ? Quel tremblement alors ? Quelle épouvante ? Avez-vous vu quelquefois des condamnés qu’on mène à la mort ? Qu’éprouvent-ils, selon vous, quand ils font le chemin, jusqu’à la porte ? Combien faudrait-il de morts pour égaler ce supplice ? Que ne voudraient-ils pas et faire et endurer, pour être délivrés de cette sombre nuit qui les enveloppe ? J’en ai beaucoup entendu, que la clémence de l’empereur avait rappelés du