Aller au contenu

Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

exhorte afin de raffermir ; car tant qu’on échappe aux agitations qui ébranlent, quoi qu’il arrive, on supporte tout avec une grande patience ; si, au contraire, l’âme est agitée, il n’en faut plus attendre d’actions bonnes ou généreuses. Comme la paralysie qui empêche l’action des mains, ainsi fait l’agitation dont est saisie l’âme qui manque de foi, et que ne soutient pas l’espérance d’un bien à venir. « Au reste, mes frères, priez pour nous, afin que la parole de Dieu se propage rapidement, et soit glorifiée partout, comme elle l’est parmi vous ». (2Thes. 3,1)
3. Il a prié pour eux, pour les voir se raffermir, et maintenant il leur demande à eux-mêmes de prier pour lui, non pour le mettre hors des dangers, car sa mission était de courir les dangers, mais : « Afin que la parole de Dieu se propage rapidement et soit glorifiée partout, comme elle l’est parmi vous ». A sa demande, il joint un éloge : « Comme elle l’est parmi vous », dit-il. « Et afin que nous soyons délivrés des hommes intraitables et méchants, car la foi n’est pas commune à tous (2 »). Paroles qui expriment les dangers du moment, et, en même temps, paroles d’exhortation. « Des hommes intraitables et méchants », dit-il, « car la foi n’est pas commune à tous ». Peut-être parle-t-il de ceux qui contredisaient la prédication, qui résistaient à la parole de Dieu, qui luttaient contre les dogmes ; c’est à eux, sans doute, qu’il fait allusion par ces paroles : « Car la foi n’est pas commune à tous ». Je ne crois pas qu’il fasse ici allusion à ses dangers ; il veut parler des contradicteurs qui lui suscitaient des embarras, comme Hyménée, comme Alexandre, l’ouvrier en cuivre « Car il a fortement combattu la doctrine que nous enseignons ». (2Tim. 4,15) Comme si quelqu’un faisant allusion à une noblesse héréditaire, disait qu’il n’est pas donné à tous de servir dans les palais des rois ; c’est ainsi ; qu’il parle des méchants dont il veut être délivré : Tels sont ceux, dit-il, auxquels la foi a été refusée, et en même temps qu’il parle ainsi, il réveille l’ardeur des fidèles. Ils étaient donc de grands personnages aux yeux de Dieu, s’ils avaient la confiance de délivrer leur docteur de ses dangers, et de lui rendre la prédication facile.
Eh bien, nous vous adressons la même prière, et que personne ne nous accuse d’un excès d’arrogance ; que personne de vous, par un excès d’humilité, ne nous prive d’un si précieux secours. Nous ne vous parlons pas en nous mettant à la place de Paul ; car ce que voulait Paul, c’était consoler ses disciples ; mais nous, ce que nous voulons, c’est obtenir un bien précieux et considérable, et nous croyons ardemment que, si vous voulez tous, d’un seul et même cœur, tendre vers Dieu vos mains en faveur de notre infirmité, tout nous réussira. Faisons ainsi la guerre à nos ennemis, par nos prières, par nos supplications ; si en effet autrefois on combattait ainsi contre des ennemis en armes, à bien plus forte raison devons-nous combattre de la même manière ceux qui n’ont pas les armes à la main. C’est ainsi qu’Ezéchias a mis en fuite le roi d’Assyrie ; c’est ainsi que Moïse a triomphé d’Amalech ; Samuel, des Ascalonites ; Israël, des trente-deux rois. Si, quand il fallait des armes, des combats, des batailles, répudiant leurs armes, ils avaient recours aux prières, combien n’est pas impérieuse, lorsque tout dépend des prières, la nécessité de prier ! Mais autrefois, me répondra-t-on, c’étaient les chefs du peuple qui priaient pour le peuple, tandis que vous, ce que vous voulez, c’est que le peuple prie pour son chef. Je le sais bien, c’est qu’alors ceux qui obéissaient étaient des misérables, vils, abjects, et c’était la confiance en Dieu, fondée uniquement sur la vertu du chef de l’armée, qui procurait à, tous le salut ; aujourd’hui, au contraire, la grâce de Dieu s’est augmentée ; parmi ceux qui obéissent, il en est beaucoup, il en est, c’est la grande majorité, dont la vertu dépasse la vertu de celui qui commande. Ne nous privez donc pas de votre secours dans le combat que nous soutenons. Soulevez nos mains pour qu’elles ne retombent pas ; ouvrez notre bouche, empêchez qu’elle ne se ferme ; priez Dieu, priez-le à ces intentions. Cette prière que je vous demande pour nous, produit un effet général qui est à votre avantage ; car c’est pour votre utilité que nous occupons notre place, et ce sont vos intérêts qui nous sollicitent. Voyez Paul disant aux Corinthiens : « Afin que la grâce que nous avons reçue, soit reconnue par les actions de grâces qu’un grand nombre rendront pour nous » (2Cor. 1,11) ; c’est-à-dire, afin que le Seigneur accorde sa grâce à un grand nombre. Si parmi les hommes il arrive que des condamnés soient conduits à la mort, que le peuple demande leur