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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/272

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grâce, que, par égard pour la multitude, l’empereur révoque la sentence, à bien plus forte raison Dieu se laissera-t-il fléchir, non par la multitude, mais par la vertu, car nous avons affaire à un ennemi violent.
Chacun de vous n’a de souci, n’a d’inquiétude que pour ses intérêts propres, mais nous, ce qui nous inquiète, c’est l’intérêt commun. Nous sommes debout, soutenant tout l’effort de la guerre, car c’est nous qu’attaque le démon avec le plus de violence. En effet, dans les combats, ce que l’on cherche avant tout à terrasser, c’est celui qui conduit lés bataillons opposés. Voilà pourquoi ce concours de toutes les forces, sur un même point, les uns réunissant leurs boucliers, les autres faisant des, efforts tumultueux pour s’emparer du chef, et les boucliers qui l’entourent de toutes parts, s’unissent pour conserver sa tête. Écoutez les paroles que le peuple tout entier adresse à David (ce n’est pas que je me compare à David, ma démence ne va pas jusque-là ; mais je veux montrer l’affection du peuple pour son chef) : « Nous ne souffrirons plus que vous veniez à la guerre avec nous, de peur que la lampe d’Israël ne s’éteigne ». (2Sa. 21,17) Voyez comme ils tenaient à conserver le vieux roi. J’ai grand besoin de vos prières ; que, nul d’entre vous, je vous l’ai déjà dit, par excès d’humilité, ne me prive de cette ressource et de ce secours. Si nous méritons l’estime et la gloire, vos affaires aussi seront plus brillantes. Si l’enseignement découle de nous avec une salutaire abondance, c’est à vous qu’en ira la richesse. Écoutez le Prophète : « Est-ce que les pasteurs se paissent eux-mêmes ? » (Ez. 24,2) N’entendez-vous pas la voix de Paul réclamant perpétuellement ces prières ? Ne savez-vous pas que si Pierre à été arraché desa prison, c’est parce que des prières assidues se faisaient pour lui ? (Act. 12,5) Oui, c’est ma conviction, vos prières auront un grand pouvoir, étant faites avec une telle unanimité. Quel avantage précieux, et combien cela est au-dessus de notre infirmité, de nous approcher de Dieu, et de prier pour un si grand peuple ! Si je n’ai pas la confiance qu’il me faut, quand je prié pour moi-même, je l’ai encore bien moins, en priant pour les autres. Il n’appartient qu’à ceux dont la vie est pure et la gloire sans tache, d’implorer pour les autres la clémence et la bonté de Dieu. C’est le droit de ceux qui ont mérité pour eux-mêmes la divine miséricorde ; mais celui qui a personnellement offensé Dieu, comment peut-il le prier pour un autre ? Toutefois, comme je ressens pour vous, dans mes entrailles, une affection paternelle, comme l’amour ose tout, ce n’est pas à l’église seulement, mais dans ma demeure aussi que je, prie avant toutes choses pour le salut de vos âmes, pour la santé de vos corps, car il n’est pas de prières qui conviennent tant au prêtre que celles qu’il adresse à Dieu quand il l’aborde, quand il s’entretient avec lui des biens qu’il lui demande pour le peuple tout entier. Si Job. des le matin, adressait tant de prières pour ses fils selon la chair, combien devons-nous davantage en faire entendre pour nos fils selon l’Esprit
4. Et maintenant, à quoi bon ce discours ? C’est que, si nous, malgré notre indignité, nous élevons vers Dieu pour vous tous, nos supplications et nos prières, à bien plus forte raison devez-vous nous rendre la pareille. Qu’un seul prie pour le grand nombre, c’est une grande audace, et qui suppose beaucoup de confiance ; au contraire, qu’un grand nombre se réunissent, afin de prier pour un seul, il n’y a rien là qui choque la pensée. Chacun, en effet, se fie non en ses propres mérites, mais en la multitude, en l’unanimité, toujours si puissante aux yeux de Dieu ; c’est là ce qui le touche et ce qui l’apaise, « car en quelque lieu que se trouvent deux ou trois personnes assemblées en mon nom », dit le Seigneur, « je m’y trouve au milieu d’elles ». (Mt. 18,20) S’il se trouve avec deux ou trois personnes assemblées, à bien plus forte raison se trouve-t-il au milieu de vous. En effet, ce qu’un seul ne peut obtenir isolément, il l’obtiendra en priant avec la foule. Pourquoi ? C’est parce que, même où la vertu propre fait défaut, l’accord a une grande force, « car en quelque lieu », dit le Seigneur, « que se trouvent deux ou trois personnes assemblées ». – Pourquoi « deux ? » Comment, une personne priera en votre nom, et vous ne serez pas là ? – Je veux que tous soient réunis et non séparés. Donc fortifions-nous l’un l’autre, joignons notre charité, faisons-en un faisceau, que nul ne nous sépare. Si quelqu’un veut en accuser un autre, si quelqu’un a reçu un mauvais traitement, nous lui demandons d’oublier ce qu’il peut avoir sur le cœur soit contre le prochain, soit contre nous.