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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/277

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Dieu (car celui qui est ainsi abattu, périra bientôt, ne sachant plus à qui parler avec confiance), il ajoute ce qui suit : « Ne le considérez pas néanmoins comme un ennemi, mais reprenez-le comme votre frère (15) » ; paroles qui montrent que la rigueur du châtiment qu’il lui inflige, consiste à le priver de la liberté qui s’exprime avec confiance.
3. Car, si c’est une honte d’être au milieu d’un grand nombre d’hommes, uniquement pour recevoir ce qu’ils vous donnent, lorsque les dons sont accompagnés de réprimandes, lorsqu’on se retire loin de celui à qui l’on donne, quelle honte, quel aiguillon pour l’âme ! En effet, si le don tardif, ou accompagné de murmures, brûle ceux qui le reçois vent (ne m’objectez pas ici les mendiants sans pudeur, nous ne parlons que des pauvres fidèles) ; si la réprimande doit encore s’ajouter à la honte, (lue ne ferait-on pas pour ne pas mériter ce supplice ? Ce n’est pas dans cet esprit de sage réprimande, c’est avec la colère d’un affront reçu, que nous outrageons, nous, les mendiants, et que nous les repoussons. Vous ne voulez pas donner : pourquoi tenez-vous à être blessant : « Avertissez », dit l’apôtre, « comme on s’avertit entre frères » ; n’outragez pas les pauvres, comme si c’étaient des ennemis. Quand on avertit son frère, on ne le fait pas en public, on n’affiche pas l’outrage ; on fait cela en particulier, avec beaucoup de circonspection, et l’on est affligé, tourmenté, on pleure, on gémit. Montrons-nous donc animés d’un fraternel amour, que la tendresse fraternelle dicte nos avertissements, ne soyons pas comme affligés de donner, mais comme affligés devoir que le pauvre agit contrairement à la loi. Quel profit pour vous de donner pour outrager ensuite ? Vous perdez le plaisir de donner. Et maintenant si vous refusez de donner, si vous infligez un outrage, quel mal ne faites-vous pas au malheureux, à l’infortuné ? Il s’est approché de vous dans la pensée de recevoir quelque don, et il vous quitte n’ayant reçu qu’une blessure mortelle, et ses larmes ont redoublé. Car si c’est la pauvreté qui le force à mendier, et si cette nécessité de mendier le couvre de honte, voyez combien rigoureux sera le supplice de ceux qui redoublent sa honte. « Celui qui outrage le pauvre, irrite celui qui l’a fait ». (Prov. 14,21) Car enfin que pouvez-vous répondre ? C’est à cause de vous que Dieu laisse le pauvre dans l’indigence, c’est afin que vous trouviez les moyens de vous guérir vous-mêmes, et vous outragez celui qui n’est pauvre qu’à cause de vous ? Quelle dépravation, quelle ingratitude ! « Avertissez » ; dit l’apôtre, « comme on s’avertit entre frères ». Il veut que, même après avoir donné, on ajoute l’avertissement ; eh bien ! nous qui, au contraire, ne donnons pas, et outrageons ensuite, quelle excuse pourrons-nous alléguer ?
« Que le Seigneur de paix vous donne sa paix, en tout temps et en tout lieu (16) ». Voyez : après avoir dit ce qu’il faut faire, il signe pour ainsi dire avec une prière ; il appose son seing à ce qu’il vient de dire, et ce seing est une prière, une supplication : « Vous donne », dit-il, « sa paix en tout lieu ». En effet, considérant les combats qui allaient résulter de la présente lettre probablement, les uns devant se montrer intraitables et les autres moins accommodants qu’on ne le voudrait, il a raison de faire cette : prière : « Vous donne », dit-il, « sa paix en tout temps » ; c’est là, en effet, ce qu’il cherche, à savoir qu’ils aient toujours la paix. Maintenant pourquoi : « En tout lieu ? » Il veut voir la paix partout, de telle sorte qu’il ne leur vienne d’aucun côté un sujet de dispute. Partout, en effet, c’est un grand bien que la paix, même auprès des gens du dehors. Écoutez-le disant dans un autre endroit : « Vivez en paix, si cela se peut, et, autant qu’il est en vous, avec toutes sortes de personnes ». (Rom. 12,18) Si nous voulons bien faire, rien n’est si utile que d’être pacifique, exempt de troubles, affranchi de toute haine, n’ayant aucun ennemi.
« Que le Seigneur soit avec vous tous ; je vous salue ici de ma propre main, moi Paul ; c’est là mon seing dans toutes mes lettres ; j’écris ainsi ; la grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous. Ainsi soit-il ». Il dit que c’est là ce qu’il écrit de sa main dans toutes ses lettres, afin qu’on ne puisse pas les falsifier, grâce à ces paroles, qui sont comme une grande signature. « Je vous salue », désigne la prière qu’il fait entendre, montrant par là que tout alors était spirituel dans le commerce, et, quand il fallait saluer, on y regardait au profit des âmes, et le salut était une prière, et non simplement un symbole d’amitié. Et il terminait comme il avait