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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/278

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commencé, les affermissant entre cette double muraille aux fondements solides et inébranlables ; il achevait son ouvrage en le consolidant. « La grâce », dit-il, « et la paix », en commençant ; et, pour finir : « La grâce de Notre-Seigneur Jésus-Christ soit avec vous tous. Ainsi soit-il ». C’est ce que le Christ disait de son côté à ses disciples : « Voici que je suis avec vous tous les jours jusqu’à la consommation des siècles ». (Mt. 28,20) Mais cela n’arrive qu’autant que nous le voulons. Il ne sera pas du tout avec nous, si nous l’écartons au loin. Je serai, dit-il, avec vous toujours. Donc, n’éloignons pas la grâce. Il veut que nous nous retirions de tous ceux d’entre les frères qui marchent d’une manière déréglée. C’était alors un grand malheur d’être séparé de la société des frères. Voilà donc le châtiment que l’apôtre inflige à tous. C’est dans le même esprit qu’il écrivait ailleurs aux Corinthiens : « Que vous ne mangiez pas même avec lui ». (1Cor. 5,11) Mais aujourd’hui, ce n’est pas une grande punition pour bon nombre de personnes. Tout est confondu et perverti. C’est avec des adultères, des libertins, des avares, que nous consentons, sans y regarder de si près, à nous rencontrer confusément. S’il fallait autrefois se retirer loin des paresseux, combien davantage fallait-il fuir les autres coupables ! Et ce qui vous prouvera la terreur avec laquelle on se voyait séparé de l’assemblée des frères, le grand profit qu’on recueillait des réprimandes bien reçues, c’est l’histoire de ce pécheur, empoisonné dans l’âme, arrivé au terme de la plus détestable corruption, coupable d’une fornication inconnue aux gentils, et ne sentant même pas son mal (c’est là le dernier degré de la perversité). Eh bien ! cet homme ainsi affecté fut touché, ramené, au point de faire dire à Paul : « Il suffit pour cet homme qu’il ait subi la correction qui lui a été imposée par votre assemblée ». (2Cor. 2,6) Par conséquent, raffermissez-vous dans la charité pour lui. En effet, à cette époque, un homme écarté de l’assemblée des frères était comme un membre violemment séparé du corps.
4. Et maintenant, voici ce qui fait que ce châtiment était alors si terrible, c’est qu’on regardait comme un grand bien d’être réunis. Comme on voit unis ensemble les habitants d’une même maison, les enfants d’un même père, ceux qui participent à une même table, telle était la vie commune aux saints de chaque église. Être déchus d’un telle communauté d’affections, c’était un malheur incomparable. Aujourd’hui au contraire on n’en fait aucun cas, parce qu’on ne fait aucun cas du bonheur d’être réunis. Autrefois, c’était un supplice, aujourd’hui la charité s’est refroidie et ce n’est plus un châtiment, et nous nous séparons sans y prendre garde, et cela vient du refroidissement des âmes, car la cause de tous les maux, c’est l’extinction de la charité. Voilà ce qui a ruiné, effacé tout ce qu’il y avait de vénérable, de gloire brillante dans l’Église, ce qui devrait faire sa parure et sa joie.
Grande est la force du docteur, quand il peut fonder sur ses vertus à lui, les réprimandes qu’il adresse à ses disciples. Aussi Paul disait : « Vous savez vous-mêmes ce qu’il faut faire pour nous imiter ». (2Thes. 3,7) L’enseignement doit résulter plutôt de la conduite que des paroles. Et maintenant qu’on n’accuse pas l’apôtre de vanité et de jactance, il a été forcé de tenir ce langage, utile dans l’intérêt de tous. « Puisqu’il n’y a rien eu », dit-il, « de déréglé dans la manière dont nous avons vécu parmi vous ». Ne voyez-vous pas l’humilité dans ces paroles, quand il parle de gratuité et de modestie ? « Et nous n’avons mangé gratuitement le pain de personne ». Il montre aussi sans doute, par ces paroles, que ces gens étaient pauvres. Et ne m’objectez pas qu’ils n’étaient pas tous pauvres, car Paul ici parle des pauvres, de ceux qui sont réduits pour vivre à travailler de leurs mains ; car plus haut il ne dit pas : Qu’ils reçoivent de leurs parents, mais : « Qu’ils travaillent pour gagner leur pain ». En effet, si moi, le héraut de la doctrine du Verbe, j’ai eu peur de vous être à charge, à bien plus forte raison celui-là doit-il avoir cette peur, qui ne vous est utile à, rien. En effet, on est alors tout à fait à charge ; on est à charge lorsque celui qui donne ne donne pas de grand cœur. Mais ce n’est pas là la pensée principale qu’il exprime, mais celle-ci, que ces personnes (celles qu’il accuse de vivre dans l’oisiveté) n’avaient pas la vie facile. Pourquoi ne travaillez-vous pas ? Si Dieu vous a donné des mains, ce n’est pas pour recevoir des autres, mais pour donner aux autres. « Le Seigneur », dit-il, « soit avec vous ». Prière que, nous aussi, nous pouvons faire, si nous accomplissons les actions du Seigneur. Écoutez le Christ disant à