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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/279

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ses apôtres : « Allez et instruisez tous les peuples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer toutes les choses que je vous ai commandées, et assurez-vous que je serai a toujours avec vous jusqu’à la consommation des siècles ». (Mt. 18,19, 20) Paroles qui ne sont pas seulement pour eux, mais aussi pour nous, car que cette promesse ne s’adresse pas à eux seulement, c’est ce qui ressort évidemment de ces expressions : « Jusqu’à la consommation des siècles ». Cette promesse est donc aussi pour tous ceux qui suivent les traces du Sauveur.
Que dit donc le Seigneur à ceux qui ne sont pas des docteurs ? Chacun de vous peut être, s’il veut, sinon le docteur d’un autre, au moins son docteur à lui-même. Instruisez-vous vous-même le premier. Si vous vous instruisez de manière à observer ses commandements, vous aurez, par ce moyen, un grand nombre d’imitateurs jaloux. La lampe une fois allumée, peut en allumer d’autres sans nombre ; la lampe éteinte ne s’éclaire plus elle-même, et ne peut allumer d’autres lampes. Il en faut dire autant de la vie passée dans la pureté. Si notre lumière brille, nous ferons et des disciples et des docteurs sans nombre à notre exemple. Mes paroles ne seront pas aussi utiles à ceux qui m’écoutent, que le sera notre vie à tous. Soyez donc, vous n’avez qu’à le vouloir, un homme cher à Dieu, brillant de vertu, et prenez femme, car on peut même en ayant une femme être agréable à Dieu, même en ayant des enfants, et des serviteurs, et des amis. Un tel homme n’aura-t-il pas, je vous le demande, beaucoup plus de moyens d’être utile à tout le monde, que je n’en puis avoir ?
Pour ce qui est de moi, une fois ou deux fois dans le mois on m’écoutera, supposé même qu’on m’écoute une fois, et ce que l’on aura écouté peut-être le gardera-t-on jusqu’au seuil de l’église pour le perdre tout de suite après ; au contraire, le spectacle continuel de la vie d’un tel homme est un grand profit : on lui fait un outrage et il ne rend pas l’outrage. N’y a-t-il pas, dans cette clémence, dans cette douceur, quelque chose qui enfonce, qui grave la modestie et la pudeur dans l’âme de qui l’a outragé ? Le coupable n’avouera pas tout de suite l’utilité qu’il en aura recueillie ; la colère offusque son jugement ; la honte le couvre ; le sentiment de sa faute le retient ; toutefois, au fond du cœur, il est touché, et je dis qu’il est impossible que l’homme qui outrage, cet homme fût-il une bête brute, quand il, est en présence d’un homme plein de patience et de douceur, n’en recueille pas une grande utilité. La femme aussi a beaucoup à gagner à voir un homme paisible et modeste, à passer sa vie avec lui ; il en est de même de l’enfant. Donc, chacun de nous peut être un docteur. « Édifiez-vous », dit en effet l’apôtre, « les uns les autres, ainsi que vous le faites ». (1Thes. 5,11) Pesez ces paroles, je vous en prie. Voilà quelque dommage qui est arrivé dans votre maison ; votre femme est toute bouleversée, attendu qu’elle n’a pas grande force et qu’elle est mondaine. Eh bien ! que le mari soit philosophe, se moque du dommage éprouvé ; il la console, il la persuade ; elle opposera à cet accident la force d’une âme généreuse. Eh bien, je vous le demande, le mari ne lui sera-t-il pas beaucoup plus utile que tous nos discours ? Tout lé monde peut parler, c’est chose facile ; mais agir dans l’occasion, voilà ce qui est difficile. Voilà pourquoi ce sont les actions surtout qui corrigent l’humaine nature, et la remettent dans l’ordre. Telle ; est l’excellence de la vertu, qu’un esclave souvent a été utile à une maison tout entière, sans en excepter le maître.
5. Ce n’est pas sans raison, sans une vue profonde des choses, que Paul s’applique à leur recommander la vertu, l’obéissance envers les maîtres ; ce n’est pas tant pour assurer le service de ces maîtres, que pour prévenir les blasphèmes contre la parole de Dieu, contre la doctrine du Seigneur ; du moment qu’on cesse de la blasphémer, on l’admire. Et je sais nombre de maisons à qui a rendu de grands services la vertu des esclaves. Et maintenant si le serviteur, sous la puissance d’un maître, peut le corriger, à bien plus forte raison le maître peut-il corriger les serviteurs. Partagez-vous avec moi, je vous en prie, ce ministère. Je m’adresse à tous à la fois ; vous, de votre côté, adressez-vous à chacun en particulier, et que chacun prenne en main le salut de ceux qui l’entourent. Que ce soit le devoir des pères de famille de se mettre à la tête de leur maison, en ce qui concerne ces choses, qui le prouve ? Écoutez, voyez à qui Paul renvoie les femmes : « Si elles veulent s’instruire de quelque chose », dit-il, « qu’elles interrogent leurs maris dans leur maison » (1Cor. 14,35),