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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/321

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des souffrances trop aiguës pour être soulagées par le partage. Ainsi, qu’un homme soit dans le feu et un autre encore, pourront-ils se consoler entre eux ? Dites-moi, je vous prie, si nous sommes saisis d’une fièvre violente, toute consolation n’est-elle pas vaine pour nous ? Oui, sans doute ; car l’âme, lorsque le mal l’a surmontée, n’a plus le loisir de se prêter à des consolations. Voyez les femmes qui ont perdu leurs maris ; combien ne peuvent-elles pas compter de veuves comme elles ? Mais leur mal en devient-il moins grand ? Ah ! ne nous entretenons point d’une telle espérance ; trouvons la seule consolation véritable dans le regret de nos péchés et la fidélité à la bonne voie qui conduit au ciel, afin que nous obtenions le royaume des cieux par la grâce et la bonté de Notre-Seigneur Jésus-Christ, à qui soient gloire et puissance aux siècles des siècles. Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XI.


DE MÊME, QUE LES DIACRES SOIENT PUDIQUES, SINCÈRES, QU’ILS NE SOIENT ADONNÉS NI AU VIN, NI A DES PROFITS HONTEUX, ET QU’ILS GARDENT LE MYSTÈRE DE LA FOI DANS UNE CONSCIENCE PURE. QU’ILS SOIENT AUSSI D’ABORD ÉPROUVÉS, PUIS ADMIS A CES FONCTIONS, S’ILS SONT IRRÉPROCHABLES. (III, 8, 9)

Analyse.

  • 1. Devoirs des diacres.
  • 2 et 3. De l’usage que l’on doit faire des richesses.


1. L’apôtre, après avoir traité des évêques et les avoir caractérisés, et énoncé les qualités qu’ils doivent avoir et ce dont ils doivent être exempts, passe sous silence l’ordre des prêtres et arrive immédiatement aux diacres. Pourquoi cela ? C’est qu’entre les évêques et les prêtres la différence n’est pas grande. C’est que les prêtres ont été institués pour enseigner et pour avoir autorité dans l’église ; ce qu’il a dit des évêques s’applique aussi aux prêtres. Ce n’est que par l’ordination que les premiers sont montés plus haut ; c’est par là seulement qu’on leur voit un avantage sur les prêtres. – « De même des diacres », il leur demande les mêmes vertus. Et comment les mêmes ? D’être irréprochables, prudents, hospitaliers, doux, pacifiques, désintéressés. « Pudiques, sincères », c’est-à-dire, sans vice caché, sans artifices ; car rien ne produit la bassesse de l’âme autant que l’artifice, et rien n’est fâcheux dans l’Église comme un vice caché. – « Qui ne soient adonnés ni au vin à ni à des profits honteux, et gardent le mystère de la foi dans une conscience pure ». Vous le voyez, il a exprimé ce que c’est qu’être irréprochable. Voyez aussi comment il introduit ici l’idée : « Qu’il ne soit pas néophyte ». Car il ajoute : « Et qu’ils soient d’abord éprouvés » ; en sorte que, ce qu’il a exprimé en parlant de l’évêque, il le répète par cette phrase conjonctive, qui ne laisse pas d’idée intermédiaire. Il fait donc entendre là aussi « Qu’il ne soit pas néophyte ». Ne serait-il pas étrange en effet que, dans une maison, l’on ne confie pas le service intérieur à un esclave nouvellement acheté, avant qu’il ait donné, par une expérience répétée, des preuves de son intelligence, et que, dans l’église de Dieu, celui qui arrive du dehors fût immédiatement admis dans les premiers rangs ?
« Que de même les femmes », il parle des diaconesses, « soient pudiques, innocentes de calomnie, sobres, fidèles en toutes choses (11) ». Quelques-uns pensent que l’apôtre parle des femmes en général, mais il n’en est point ainsi ; comment, en effet, eût-il inséré dans ce qu’il dit ici des préceptes concernant les femmes ? Il parle de celles qui possèdent la dignité de diaconesses. « Que les diacres ne soient maris que d’une seule femme[1] (12) ». Vous le voyez, il demande d’eux aussi cette vertu. Car, s’ils ne sont pas égaux en dignité à l’évêque, ils doivent, comme lui, être irréprochables et purs. « Qu’ils gouvernent bien leurs enfants et leurs maisons. Car

  1. Il convient de l’entendre aussi des diaconesses, car c’est une chose bien nécessaire, profitable et conforme à la régularité des mœurs « que les diacres ne soient maris que d’une seule personne ».