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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/322

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les diacres qui auront, bien rempli leur charge, obtiendront un rang honorable et une grande confiance dans la foi en Jésus-Christ (12, 13) ». Partout il parle du gouvernement des enfants, afin d’éviter au peuple le scandale qui résulterait de cet objet. « Car », dit-il, « les diacres qui auront bien rempli leur charge, obtiendront un rang honorable », c’est-à-dire un rang plus élevé, « et une grande confiance dans la foi ». Ceux qui se seront montrés vigilants dans une charge inférieure arriveront promptement aux plus hautes, dit-il.
« Je vous écris ces choses, quoique j’espère me rendre promptement auprès de vous ; afin que, si je tarde, vous sachiez comment il faut vous conduire dans la maison de Dieu, qui est l’Église du Dieu vivant, la colonne et le fondement de la vérité (14,15) », Craignant que son disciple ne se décourage à la pensée de régler lui-même tout cela, il ajoute que, s’il écrit, ce n’est pas qu’il n’ait point l’intention de venir, et qu’il viendra, mais pour que, s’il tarde, Timothée ne se chagrine pas. Il lui adresse donc cette épître pour le sauver du découragement, il l’envoie aussi, pour en réveiller d’autres et les rendre plus zélés ; car l’annonce de son arrivée avait un grand pouvoir. Et ne vous étonnez pas si, prévoyant l’avenir par inspiration, il s’en montre ignorant par ces paroles : « J’espère venir, mais si je tarde », paroles qui conviennent à celui qui ignore. Car, puisqu’il était conduit par l’inspiration et n’agissait point par son sentiment propre, il devait ignorer cela. « Afin que vous sachiez », dit-il, « comment il faut vous conduire dans la maison de Dieu, qui est l’Église du Dieu vivant, la colonne et le fondement de la vérité » ; ce n’est plus là le temple juif. Ces paroles comprennent la foi et la prédication ; car la vérité est la colonne et le fondement de l’Église.
« Et sans contredit », ajoute-t-il, « c’est quelque chose de grand que ce mystère d’amour. Dieu a été manifesté dans la chair, justifié dans l’Esprit (16) ». C’est là l’économie de notre salut, c’est-à-dire, l’incarnation. Ne me parlez pas des clochettes (Ex. 28), du Saint des saints, ni du grand prêtre : la colonne du monde, c’est l’Église. Méditez ce mystère et vous tremblerez. C’est un mystère, un mystère de piété, sans contredit, et non comme un problème à résoudre, car il n’y a point là de doute. Il n’a, en traitant du sacerdoce, donné aucune de ces règles qu’on voit dans le Lévitique, mais il élève la pensée vers un autre sujet, savoir que l’Auteur du monde a été manifesté dans la chair. « Il a été vu dans la chair », dit-il, « et justifié dans l’Esprit ». L’apôtre veut ici ou rappeler cette parole : « Et la sagesse a été justifiée par ses enfants » (Mt. 11,19), ou exprimer que le Christ n’a point commis de fraude, ce que le Prophète exprime en disant : « Qui n’a point, commis de péché ; et la fraude ne s’est point trouvée dans sa bouche ». (Is. 53,9) « Il a été vu par les anges ». Ainsi les anges n’ont vu qu’avec nous le Fils de Dieu : ils ne le voyaient pas auparavant. Vraiment, c’est là un grand mystère. « Il, a été annoncé aux nations, il a été, cru dans le monde ». Partout sur la terre on a entendu et cru cet enseignement ; ne pensez pas que ce ne soient, là que de vaines paroles. « Il a été élevé dans la gloire celui que vous voyez élevé au ciel ». (Act. 1,11) « Les anges s’approchèrent et ils le servaient ». (Mt. 4,11) « Dans toute la terre le bruit s’en est fait entendre ». (Ps. 18,5) « Il a été élevé dans la gloire », sur les nuées.
Considérez, je vous prie, la sagesse du bienheureux apôtre. Lorsqu’il a voulu avertir ceux, qui sont jugés dignes du diaconat de ne pas se gorger de boisson, il ne leur a pas dit de ne pas s’enivrer, mais de ne pas être adonnés au, vin. Car si ceux qui entraient dans le temple, n’en goûtaient point, combien plus ceux-ci doivent-ils s’en abstenir. Le vin trouble, en effet, même sans conduire jusqu’à l’ivresse ; la vigueur de l’âme se détend, l’harmonie des facultés est détruite. Voyez comment l’apôtre appelle toujours mystère, l’incarnation, et c’est avec raison, car elle n’est visible ni pour les regards des hommes ni pour ceux mêmes des anges ; et comment l’eût-elle été puisqu’elle s’est manifestée par l’Église ? C’est pour cela qu’il dit : u Sans contredit c’est un grand « mystère ». Oui, c’en est un grand qu’un homme soit Dieu et qu’un Dieu soit homme ; homme, il a été vu sans péché ; homme, il s’est élevé au ciel et a été prêché, dans le monde ; les anges l’ont vu avec nous. C’est donc un mystère. Ne le divulguons point, ne l’exposons point en toute occasion, mais menons une vie qui en soit digne. Ceux à qui les mystères sont – confiés sont grands. Si l’empereur nous confiait un secret, dites-moi, ne