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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/357

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à la condition des hommes, ou parce qu’il n’a pas commencé d’être ; nous donnons aussi la même épithète à des hommes que nous voulons exalter.
« Qui seul possède l’immortalité ». Le Fils ne la possède-t-il pas, et par lui-même ? Et comment ne la posséderait-il pas, étant de la même substance que le Père ? – « Et habite une lumière inaccessible ». La lumière qu’il habite est-elle autre que celle qu’il est ? Est-il enfermé dans un lieu ? Loin de nous cette pensée. L’apôtre ne veut pas nous l’inspirer, il veut nous faire entendre l’incompréhensibilité de Dieu, voilà pourquoi il se sert de cette expression : a Qui habite une lumière inaccessible ». Il parle de Dieu comme il peut. Vous voyez, quand la langue veut exprimer quelque chose de grand, comment la force lui manque. – « Que nul homme n’a vu ni ne peut voir, à qui honneur et puissance éternelle. Ainsi soit-il ». C’est là une belle théologie et qui devait se trouver ici. Car, ayant pris Dieu à témoin, l’apôtre s’étend sur ce témoin, afin de faire plus d’impression sur son disciple. Gloire à Dieu, c’est tout ce que nous pouvons dire et faire, et non rechercher curieusement quel il est. Si donc sa puissance est éternelle, ne craignez pas ; quand son avènement n’aurait pas lieu encore, honneur et puissance à lui pour toujours.
« Prescrivez aux riches du siècle présent de ne pas enfler leur cœur (17) ». L’apôtre a dit avec justesse : a Du siècle présent », car il y a aussi les riches du siècle futur. Rien autant que les richesses ne produit l’enflure, la démence de l’orgueil, l’arrogance. Et aussitôt il les rabaisse en disant : « Et de ne pas mettre leur espoir dans l’incertitude des richesses (17) ». Car c’est de là que vient la démence de l’orgueil ; celui qui espère en Dieu ne s’enorgueillit point. Comment mettre son espoir en ce qui se déplace sans cesse ? car telle est la richesse ; comment espérer en ce qui ne peut inspirer confiance ? Mais comment pourront-ils ne pas enfler leur cœur ? En considérant que la richesse est instable et caduque, en considérant que l’espérance en Dieu vaut mieux qu’elle, et que Dieu est l’auteur de la richesse elle-même. – « Mais dans le Dieu a vivant, qui nous donne avec magnificence atout ce dont nous devons jouir (17) ». Oui, tout avec magnificence, voulant parler des saisons diverses de chaque année, de l’air, de la lumière, de l’eau, et de tout le reste. Vous voyez quelle est la magnificence et la libéralité de ses dons. Si vous cherchez la richesse, cherchez une richesse permanente, solide, celle que l’on acquiert par les bonnes œuvres. Et quelles œuvres ? – « De faire le bien », continue l’apôtre, « de devenir riches en bonnes œuvres, d’être faciles à donner, à « communiquer ce qu’ils possèdent (18) ». L’un est le fait de la fortune, l’autre de la charité ; se montrant affables et doux. « De thésauriser pour eux-mêmes un établissement glorieux dans l’avenir (19) ». Rien n’est incertain, ni instable, là où le fondement est solide ; mais tout est solide, immuable, fixe et permanent. « Afin d’acquérir la vie éternelle ». Car c’est la pratique des bonnes œuvres qui peut nous en ménager la jouissance.
2. « O Timothée, gardez le dépôt (20) ». Ne l’amoindrissez pas ; il n’est pas à vous, c’est le bien d’autrui qui vous a été confié ; ne le diminuez pas. « Évitant les nouveautés profanes du langage ». Il y a donc une nouveauté de langage qui n’est pas profane. « Et les oppositions d’une fausse science ». Oui, car là où la foi n’est pas, la science n’est pas ; ce qui naît de raisonnements tout humains n’est pas la science. C’est ainsi que quelques-uns se sont donné le nom de gnostiques, comme s’ils savaient quelque chose de plus que les autres. « Science que quelques hommes promettaient, mais ils se sont égarés dans la foi ». Vous voyez comment il prescrit encore de ne point se rencontrer avec eux. Évitant, dit-il, les oppositions ; car il en est auxquelles il ne faut pas même répondre. Pourquoi ? parce qu’elles font perdre la foi, parce qu’elles ébranlent la solidité de notre confiance.
Ne nous attachons point à ces doctrines, mais au rocher indestructible de la foi. Ni le choc des fleuves ni celui des vents, ne pourront l’endommager ; nous sommes inébranlables sur ce rocher. Ainsi, durant cette vie, si nous avons choisi celui qui est le fondement véritable, nous demeurons debout, sans rien subir d’effrayant. Celui-là ne subira rien de terrible, qui choisit pour richesse, pour renommée, gloire, honneur et jouissance, ceux de l’autre vie ; ils sont assurés contre tout changement ; mais, en ce monde, tout est sujet à s’altérer, à changer, à se transformer. Car que désirez-vous ? la gloire ? « Sa gloire ne le suivra point