Aller au contenu

Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/402

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

mourir, et, ce qu’il y a de plus pénible au monde, qu’il ne l’assisterait pas à sa dernière heure ? Car nous ne ressentons pas tant de joie du temps que nous avons passé avec nos amis pendant leur vie, que de douleur de n’être pas auprès d’eux au moment de leur mort. Saint Paul a donc soin de consoler son disciple avant de l’entretenir de sa mort. Et encore il n’en parle pas tout uniment, mais en termes choisis, propres à le consoler et à le combler de joie, en lui présentant sa mort, moins comme une mort que, comme un sacrifice, comme un départ ou un passage à un état meilleur. « Je suis », dit-il, « comme une victime qui a déjà reçu l’aspersion, pour être sacrifiée ». (2Ti. 4,6)

C’est donc dans cette vue qu’il lui dit : « Toute Écriture inspirée de Dieu est utile pour instruire, pour reprendre, pour corriger et pour conduire à la justice ». Ce qui doit s’entendre de toute l’Écriture sainte, dans laquelle Timothée avait été instruit dès son enfance. Cette Écriture, étant inspirée de Dieu, est utile. Qui peut en douter ? « Elle est utile pour instruire, pour reprendre, pour corriger, afin que, l’homme de Dieu soit parfait et parfaitement disposé à toutes sortes de bonnes œuvres ». — « Utile pour instruire ». L’Écriture nous apprendra ce que nous devons savoir, et nous laissera ignorer ce que nous devons ignorer. Si nous avons des erreurs à réfuter, des désordres à redresser, l’Écriture nous fournira les principes nécessaires. Elle sera bonne aussi pour consoler et pour encourager. « Pour corriger », c’est-à-dire que nous y trouvons de quoi suppléer à ce qui nous manque. — « Afin que l’homme de Dieu soit parfait ». Ainsi les Écritures sont un encouragement au bien, destiné à conduire l’homme à la perfection. Sans elles, on n’est point parfait. Au lieu de moi, dit saint Paul, vous aurez la sainte Écriture qui vous apprendra ce que vous voudrez savoir. S’il écrivait ces choses à Timothée qui était cependant rempli du Saint-Esprit, combien plus les écrivait-il pour nous ! — « Parfaitement disposé à toutes sortes de bonnes œuvres » : Il ne doit pas se contenter d’y prendre part, il doit s’y exercer à la perfection.

« Je vous conjure donc devant Dieu et devant le Seigneur Jésus-Christ, qui jugera les vivants et les morts dans son avènement glorieux et dans l’établissement de son règne, d’annoncer la parole ». (4, 1-2) Il jugera donc les pécheurs et les justes, les trépassés et ceux qui vivront encore, et qui seront en grand nombre. Il l’avait effrayé dans sa première épître, en lui disant : « Je vous ordonne devant Dieu, qui donne la vie à tout ce qui vit ». (1Ti. 6,13) Ici il s’exprime d’une manière plus terrible encore : « Qui jugera les vivants et les morts », dit-il ; c’est-à-dire, qui leur demandera compte de leurs actions. — « Dans son avènement glorieux et dans l’établissement de son règne ». Quand se fera ce jugement ? Lors de la manifestation glorieuse du Fils de Dieu, lors de son second avènement, quand il viendra avec l’appareil du Roi de l’univers. Ce second avènement ne sera pas semblable au premier, il sera environné de gloire, voilà le sens que présente le texte, ou bien il veut dire encore : J’atteste son avènement et son règne, je prends ce juste juge à témoin que je vous ai donné ces avis.

Ensuite pour lui enseigner comment il faut prêcher, il ajoute : « Annoncez la parole ; pressez les hommes à temps, à contre-temps ; reprenez, suppliez, exhortez en toute patience et en vue de l’instruction ». Qu’est-ce à dire : « À temps, à contre-temps ? » C’est-à-dire, n’ayez point de temps marqué pour instruire. Que tout temps vous soit propre pour cela ; enseignez durant la paix et la tranquillité ; enseignez assis dans l’église ; enseignez encore au milieu des périls ; enseignez en prison, et chargé de chaînes, et à la veille de marcher au supplice, et en y allant, ne cessez jamais de, reprendre et de menacer. La réprimande n’est pas hors de propos, même, quand elle a déjà profité et produit de l’effet. — « Suppliez », dit-il. Il faut qu’un pasteur agisse comme un médecin, qu’il mette le doigt sur la plaie, qu’il pratique une incision, et qu’ensuite il applique un remède pour adoucir. Si l’une de ces choses est omise, l’autre est inutile, Si vous réprimandez quelqu’un avant de l’avoir convaincu du mal qu’il a fait, vous passerez pour téméraire, et personne ne vous souffrira. Une fois convaincu, il recevra alors une réprimande qui, auparavant, l’eût exaspéré. Mais après que vous aurez convaincu et réprimandé fortement, si vous négligez de supplier, tout est perdu encore une fois ; car la réprimande est quelque chose d’intolérable en