Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/413

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COMMENTAIRE SUR L’ÉPÎTRE DE SAINT PAUL A TITE.

AVERTISSEMENT.

Les homélies sur l’épître à Tite furent prononcées à Antioche ; Tillemont le prouve très bien par la citation d’un passage qu’il tire de l’homélie 3°, nombre 2°. Voici ce passage : « Que dire de ces chrétiens qui jeûnent avec les juifs, qui observent les sabbats ; de ceux qui s’en vont à ces rendez-vous « de superstitions païennes, à Daphné, à la grotte dite de la Matrone, à ce lieu consacré à Saturne dans la Cilicie ? Dirons-nous qu’ils ont leur bon sens ? Ils ont donc besoin d’une correction sévère ». Ces paroles s’adressent évidemment aux habitants de la ville d’Antioche dans les environs de laquelle se trouvaient le, bois de Daphné et la grotte de la Matrone. – On remarque un grand soin dans ces Homélies ; les questions y sont traitées largement. Dans la troisième et dans la cinquième il est question des vices et des crimes des Crétois et des philosophes grecs ; dans la sixième, du martyre accompli dans des circonstances singulières, de deux chrétiens que l’orateur ne nomme pas.

HOMÉLIE PREMIÈRE.

PAUL, SERVITEUR DE DIEU ET APÔTRE DE JÉSUS-CHRIST, SELON LA FOI DES ÉLUS DE DIEU ET LA CONNAISSANCE DE LA VÉRITÉ QUI EST SELON LA PIÉTÉ ; SOUS L’ESPÉRANCE DE LA VIE ÉTERNELLE QUE DIEU, QUI NE PEUT MENTIR, AVAIT PROMISE AVANT TOUS LES TEMPS, MAIS QU’IL A MANIFESTÉE EN SON TEMPS PROPRE (SAVOIR) SA PAROLE DANS LA PRÉDICATION QUI M’EST COMMISE PAR LE COMMANDEMENT DE DIEU NOTRE SAUVEUR : A TITE MON VRAI FILS SELON LA FOI QUI NOUS EST COMMUNE, GRACE, MISÉRICORDE ET PAIS DE LA PART DE DIEU ET DE LA PART DE JÉSUS-CHRIST NOTRE SAUVEUR. (I, 1-4)

Analyse.

  1. Différents caractères de l’épître à Tite : qu’il y est souvent question de la grâce de Dieu.
  2. Que la prédication doit être accomplie avec confiance. – Ce que c’est qu’un vrai fils dans l’ordre de la grâce.
  3. De la difficulté de la : charge pastorale. – Malheur à ceux qui élèvent à cette dignité des personnes qui en sont indignes.
  4. Que les pasteurs sont en butte à la médisance des peuples, quelques mesures qu’ils prennent pour défendre. Un pasteur peut avoir un soin raisonnable de sa santé.

1. Tite était l’un des plus distingués des compagnons de saint Paul ; s’il n’en avait pas été ainsi, l’apôtre ne lui aurait pas confié une île tout entière ; il ne lui aurait pas prescrit de mettre en bon ordre les choses qui restaient à, régler, car il dit : « Afin que tu mettes en bon ordre ce qui reste » ; il n’aurait pas soumis à son jugement tant d’évêques, s’il n’avait pas eu en lui la plus grande confiance. On dit que c’était un jeune homme, parce que saint Paul l’appelle son fils, mais la raison n’est pas convaincante. Je crois que c’est de lui qu’il est fait mention dans les Actes des apôtres. Il était probablement de Corinthe, à moins qu’il n’y en ait eu un antre du même nom. De plus l’apôtre appelle à lui Zénas et il désire qu’Apollon lui soit envoyé, et non celui-ci ; car il témoignait qu’ils auraient plus de courage en présence de l’empereur. Il me semble que saint Paul était en liberté, lorsqu’il écrivit cette épître. Car il ne parle pas de ses persécutions, et sans cesse il revient sur la grâce de Dieu ; on peut le voir à la fin comme au commencement, et c’est là une exhortation à la vertu toute-puissante sur l’esprit de ceux qui croient. N’était-ce pas un grand encouragement pour eux, que de savoir ce qu’ils méritaient, à quel état ils avaient été élevés par grâce, à quelle dignité ils étaient appelés ? Il s’élève aussi contre les juifs ; et s’il s’emporte