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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/414

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contre la nation tout entière, ne vous en étonnez point. Il ne s’y prend pas autrement, lorsqu’il s’agit des Galates. Ne s’écrie-t-il pas « O Galates insensés ! » Ce ne sont point là les paroles d’une haine injurieuse, mais celles d’un amour ardent. S’il avait agi ainsi dans son intérêt, il serait justement blâmable, mais si c’est par ardeur et par zèle pour la prédication, il n’y a point d’injure. Le Christ lui-même a fait mille reproches aux scribes et aux pharisiens, mais était-ce par un motif intéressé non, c’est parce qu’ils perdaient tous les autres. – L’épître est courte, et ce n’est pas sans raison. Par là un hommage est rendu à la vertu de Tite qui nous est représenté comme n’ayant pas besoin de longs discours, mais d’un simple avertissement. Il me semble qu’elle a été écrite avant l’épître à Timothée il a fait celle-ci vers la fin de sa vie, lorsqu’il était dans les fers ; mais au moment où il a composé l’épître à Tite il n’était ni emprisonné, ni enchaîné, car ces mots : « J’ai résolu de passer l’hiver à Nicopolis », prouvent qu’il n’était pas encore dans les liens ; dans son épître à Timothée au contraire il dit souvent qu’il est enchaîné.
Que dit-il donc ? «. Paul, serviteur de Dieu et apôtre de Jésus-Christ, selon la foi des élus de Dieu ». Voyez-vous comme il se sert indifféremment de ces expressions ? il s’appelle tantôt serviteur de Dieu et apôtre de Jésus-Christ, tantôt serviteur de Jésus-Christ : « Paul, serviteur de Jésus-Christ ». Ainsi il n’établit aucune différence entre le Père et le Fils. « Selon la foi des élus de Dieu ». Veut-il dire qu’il avait la foi, ou qu’on avait foi en lui ? Je crois qu’il veut dire que les élus lui ont été confiés ; comme s’il disait : Je ne dois pas ma dignité à mes mérites, à mes fatigues et à mes sueurs, mais je dois tout à la bonté de Dieu, qui a mis en moi sa confiance. Ensuite, pour qu’on n’aille pas croire que la grâce se communique sans raison, puisqu’il faut que l’homme y corresponde, et que ce n’était pas sans raison que Paul avait été préféré à d’autres, il ajoute : « Et la connaissance de la vérité qui est selon la piété ». C’est parce qu’il avait cette connaissance de la, vérité que les élus lui ont été confiés. Mais alors ils lui ont été confiés à bien plus forte raison par la grâce de Dieu, puisque c’est Dieu qui lui a donné cette connaissance. Aussi écoutez Jésus-Christ lui-même : « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, mais c’est moi qui vous ai choisis ». (Jn. 15,16) De même le bienheureux apôtre saint Paul dit dans un autre endroit : « Je connaîtrai selon que j’ai été aussi connu » (1Cor. 13,12) ; et ailleurs : « Si je puis comprendre de même que j’ai été compris par « Jésus-Christ ». (Phil. 3,12) Ainsi, d’abord nous sommes compris, ensuite `nous connaissons ; d’abord nous sommes connus, et ensuite nous comprenons ; d’abord nous sommes appelés, et – ensuite nous obéissons. Lorsqu’il dit : « Selon la foi », il fait entendre qu’il n’est rien que par les élus. C’est comme s’il disait : C’est pour eux que je suis apôtre, je ne le suis pas pour mes mérites, mais pour l’intérêt des élus. C’est ce qu’il dit ailleurs : « Toutes choses sont à vous, soit Paul, soit Apollon ». (1Cor. 3,22)
« Et la connaissance de la vérité qui est selon la piété ». Il y a en effet une connaissance vraie des choses qui n’est pas selon la piété. Ainsi connaître l’agriculture, connaître les arts, c’est bien véritablement connaître mais la connaissance dont il parle, c’est celle qui est selon la piété. « Selon la foi » peut encore avoir été écrit parce qu’ils ont eu la foi comme les autres élus et qu’ils ont connu la vérité : c’est de la foi que vient la connaissance et non des raisonnements. « Sous l’espérance de la vie éternelle ». Il a dit que la vie présente est toute dans la grâce de Dieu ; il parle maintenant de la vie future, et il met devant nos yeux les récompenses qui nous sont destinées pour les bienfaits que nous avons reçus. Car Dieu veut nous couronner parce que nous avons cru en lui et qu’il nous a dégagés de l’erreur. Vous voyez comme le début de l’épître est rempli de la pensée des bienfaits de Dieu ; toute la suite ressemble à ce commencement, et elle encourage le juste Tite et ses disciples à supporter les peines. Il n’y a rien en effet de plus utile que de se rappeler sans cesse les bienfaits gîte Dieu répand soit sur tous les hommes, soit sur chacun dé nous. Car si notre zèle s’enflamme, lorsque nous recevons un bienfait d’un ami, ou qu’on nous adresse soit une bonne parole, soit un geste bienveillant, combien plus grande ne doit pas être notre ardeur à obéir, lorsque nous voyons à quels dangers nous avons été exposés, et comment Dieu nous en a toujours délivrés. « Et la connaissance de la vérité ». Ici il dit « la vérité » par opposition à la figure. Car auparavant