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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/427

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personnes, ni les poissons, ni les autres animaux ne sont purs, mais ils sont tous impurs. « Leur entendement et leur conscience sont « souillés ». Mais quoi donc ! Tout est impur ? Loin de nous cette pensée. Ce n’est pas celle de saint Paul. Il rejette toute l’impureté sur les méchants : Il n’y a rien d’impur, dit-il, si ce n’est eux, si ce n’est leur pensée et leur conscience, et rien n’est plus impur. « Ils font profession de connaître Dieu, mais ils le nient par leurs œuvres, car ils sont abominables, rebelles, et réprouvés pour toute bonne œuvre. Mais toi, enseigne les choses à qui conviennent à la saine doctrine ». Voilà en quoi consiste l’impureté, voilà ceux qui sont impurs, mais ne te tais pas pour cela. Quand ils ne t’écouteraient pas, dit l’apôtre, fais ton devoir ; quand ils ne t’obéiraient pas, exhorte-les, conseille-les ; et par là, il les accable plus encore. Ceux qui sont fous croient que rien ne reste en place ; mais ce ne sont pas les choses qu’ils voient qui leur donnent cette idée, ce sont leurs yeux qui voient ainsi les choses. Car, comme ils sont sans cesse en mouvement et qu’ils sont aveuglés, il leur paraît que toute la terre tourne, tandis qu’elle ne tourne pas et qu’elle reste ferme. Cette démence vient de l’état où ils se trouvent eux-mêmes, et non de l’état où se trouvent les éléments. Il en est de même ici : lorsque l’âme est impure, elle croit impures toutes choses. La pureté ne se révèle point par des scrupules superstitieux, mais par la confiance à manger de tout. Car celui dont la nature est pure ose tout, mais celui qui est souillé, n’ose rien.
C’est ce qu’on peut dire encore contre Marcion. Ne voyez-vous pas que la vraie pureté consiste à s’élever au-dessus de toutes ces pensées, d’impureté, et qu’au contraire l’impureté consiste à s’abstenir de certaines choses comme impures ? Il n’en est pas autrement pour Dieu même : il a osé se faire chair, c’est marque de pureté ; s’il ne l’avait pas osé, t’eût été signe d’impureté. Celui qui ne mange pas certaines choses parce qu’elles lui paraissent impures, celui-là est impur et malade ; il n’en est nullement de même de celui qui les mange. N’appelons donc pas purs ceux qui ont de vains scrupules : ceux-là sont les impurs ; l’homme pur est celui qui mange de tout. Il faut montrer cette piété scrupuleuse en écartant ce qui peut souiller l’âme, car c’est là l’impureté, c’est là ce qui tache ; dans tout le reste, il n’y a rien d’impur. Ainsi, avons-nous la bouche malade, tous les aliments nous paraissent impurs, mais cela provient de notre maladie ; il faut donc connaître à fond la nature des choses pures et des impures.
4. Qu’y a-t-il donc d’impur ? C’est le péché, la méchanceté, l’avarice, la perversité. « Lavez-vous, nettoyez-vous, ôtez de devant mes yeux la malice de vos actions. – Créez en moi un cœur pur, ô Dieu. – Retirez-vous d’au milieu d’eux, séparez-vous, et ne touchez à aucune chose souillée ». (Is. 1,16 ; Ps. 50,12 ; Is. 52,11) Les prescriptions suivantes figuraient les choses pures d’une manière symbolique : « Ne touche pas un cadavre ». (Lev. 11,8) C’est qu’en effet le péché ressemble à un cadavre d’une odeur nauséabonde. « Le lépreux. », dit le Lévitique, « est impur ». (Lev. 13,15) C’est-à-dire, la variété, la diversité, c’est le péché. C’est ce que font entendre les saintes Écritures, comme le montre ce qui suit. Si, en effet, la lèpre couvre tout le corps, celui qui en est atteint est pur ; si elle ne le couvre qu’en partie, il est impur. Ne voyez-vous point par là que c’est ce qui est varié, ce qui change qui est impur ? De même celui qui est atteint d’une gonorrhée est impur dans son âme ; considérez comme atteint de gonorrhée celui gui perd de la semence spirituelle de la parole de Dieu. Celui qui n’est pas circoncis est également impur. Il ne faut voir là que des figures, et entendre que celui-là est impur qui n’a pas retranché de son âme la méchanceté. Celui qui travaille – dans le jour du sabbat est lapidé ; c’est-à-dire, celui qui n’est pas entièrement dévoué à Dieu, périt. Voyez-vous combien il y a de sortes d’impuretés ? « La femme qui a ses règles est impure ». (Lev. 15,19) Pourquoi donc ? N’est-ce pas Dieu qui a fait la semence et qui préside à la génération ? Pourquoi donc cette femme est-elle impure ? Il faut qu’il y ait là un sens caché. Quel est-il ? Dieu veut faire naître la piété dans nos âmes et nous éloigner du libertinage. Car si la mère de famille est impure, combien plus la prostituée ne l’est-elle pas ? S’il n’est pas très pur de s’approcher de sa femme, combien n’est-il pas impur de souiller le lit d’autrui ? « Celui qui revient d’un enterrement est impur » ; combien plus ne l’est-il pas, celui qui revient du meurtre et de la guerre ? On pourrait trouver beaucoup de manières d’être impur, si on voulait les rechercher