Aller au contenu

Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/486

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

C’EST POURQUOI J’AI JURÉ, DANS MA COLÈRE, QU’ILS N’ENTRERAIENT POINT DANS LE LIEU DE MON REPOS. (III, 7, 8, 9, 10, 11, JUSQU’À IV, 10)

Analyse.

  1. Repos du sabbat, représentation temporelle du repos éternel.
  2. L’incrédulité attire la colère de Dieu.
  3. Conservons l’espoir tant que nous vivons.
  4. Bonheur réservé aux élus dans le royaume des cieux.

1. Après avoir parlé de l’espérance, après avoir dit : « Nous serons de sa maison, si nous conservons une ferme confiance en lui et la glorification de l’espérance », Paul nous montre qu’il faut savoir attendre avec confiance, et il le prouve par les Écritures. Mais faites attention ; car ce passage est tant soit peu difficile et obscur ; c’est pourquoi nous devons vous exprimer notre opinion et vous exposer en peu de mots le sujet dans son ensemble, avant d’arriver au texte. Vous n’aurez plus besoin de nous une fois que vous connaîtrez le but et le plan de l’apôtre. C’était de l’espérance qu’il parlait ; il nous disait qu’il faut espérer dans l’avenir, et que ceux qui auront souffert ici-bas trouveront ailleurs leur récompense, le fruit de leurs fatigues et le repos. II le prouve en se servant des paroles du prophète, et en nous disant. « C’est pour cela que le Saint-Esprit dit : Si vous entendez aujourd’hui sa voix, n’endurcissez pas votre cœur, comme au temps de ma colère et au jour de la tentation dans le désert, où vos pères me tentèrent, où ils voulurent éprouver ma puissance, et où ils virent les choses que je fis pendant quarante jours. Aussi me suis-je irrité contre cette génération, et j’ai dit : Ils se laissent toujours emporter par l’égarement de leurs cœurs, ils ne connaissent point mes voies ; c’est pourquoi je leur ai juré, dans ma colère, qu’ils n’entreraient point dans le lieu de mon repos ». (Ps. 94,8-11) Il y a, dit-il, trois sortes de repos. Il y a le repos de Dieu après la création, le repos de la Palestine où les Juifs devaient entrer, pour se reposer de tant de jours d’afflictions et de leurs travaux, enfin (et c’est bien là le repos), il y a le royaume des cieux où les élus se reposent éternellement de leurs travaux et de leurs afflictions. C’est de ces trois sortes de repos qu’il fait ici mention. Et pourquoi cette mention, s’il ne parle que d’un seul ? C’est pour montrer que le prophète parle de cette troisième espèce de repos. Le premier, dit-il, il ne s’en occupe pas. Pourquoi remonter jusqu’aux premiers temps ? Le repos de la Palestine, il n’en, parle pas non plus, puisqu’il est arrivé à sa fin. Reste le troisième repos, et ici nous devons ouvrir l’histoire, pour que nos paroles soient plus claires.
Après la sortie d’Égypte, et les fatigues d’une longue route, après avoir en Égypte, sur la mer Rouge et dans le désert, reçu d’innombrables témoignages de la puissance divine, les Juifs se décidèrent à envoyer des éclaireurs, chargés d’explorer la nature du sol. Les éclaireurs revinrent et, pleins d’admiration pour la contrée qu’ils avaient parcourue, ils se répandaient en éloges sur la fertilité du sol, tout en disant qu’il était habité par une nation courageuse et indomptable. Alors les Juifs, peuple ingrat et insensible, au lieu de se souvenir des anciens bienfaits de Dieu qui, lorsqu’ils étaient cernés partant d’armées égyptiennes leur barrant le passage, les avait arrachés aux périls ; au lieu de penser au rocher du désert, ouvert par la baguette de Moïse, à l’eau jaillissante, à la manne, et à tant d’autres miracles bien faits pour affermir leur foi, perdirent complètement la mémoire. Frappés d’étonnement et de stupeur, ils voulaient revenir en Égypte en disant : Dieu nous a amenés ici, pour nous faire périr avec nos femmes et nos enfants. Dieu donc, dans sa colère contre ces ingrats qui avaient sitôt oublié ses bienfaits, jura que la génération qui avait proféré de telles paroles n’entrerait pas dans le lieu du repos, et tous périrent dans le désert. Plus tard, quand cette génération n’était plus, David disait : « Aujourd’hui, si vous écoutez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs, comme autrefois dans des jours de colère ». Pourquoi ? – C’est pour que vous ne soyez pas punis comme vos pères, c’est pour que vous ne soyez pas privés du repos. – Il parle ainsi, sans doute en faisant allusion à l’asile du repos véritable. Car, s’ils avaient déjà trouvé le repos, pourquoi leur dirait-il encore : « Aujourd’hui, si vous écoutez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs, comme autrefois, en des jours de colère ? »
Quel est donc ce lieu de repos, si ce n’est le royaume des cieux dont l’image et la représentation est le jour du sabbat ? Il cite donc, je le répète, le témoignage du prophète en ces termes : « Aujourd’hui, si vous écoutez sa voix, ne vous, endurcissez pas comme en des jours de colère, comme à l’époque de la tentation dans le désert, lorsque vos aïeux me tentèrent, firent l’épreuve de mes puissances et virent, durant quarante ans, ce que je pouvais faire ; c’est pour cela que je me suis irrité contre cette génération, et j’ai dit : Leurs cœurs sont toujours égarés : ils n’ont pas connu mes voies ; et je leur ai juré, dans ma colère, qu’ils n’entreraient pas dans mon lieu de repos ». Puis il ajoute : « Prenez garde, mes frères, que quelqu’un de vous ne tombe dans un dérèglement de cœur et dans une incrédulité qui le sépare du Dieu vivant (12) ». Car c’est la dureté du cœur qui produit l’incrédulité. Semblables à ces membres raides et couverts d’un talus, qui résistent à la main du médecin, les âmes endurcies résistent à la parole de Dieu. Car il y a