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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/516

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Dieu. Et ailleurs : « Bienheureux ceux qui ont le cœur pur, parce qu’ils verront Dieu ». (Mt. 5,8) Faisons tous nos efforts pour nous rendre purs ; lavons nos péchés. Et comment peut-on les laver, le Prophète nous l’enseigne, en disant : « Lavez-vous, soyez purs ; ôtez vos vices de vos âmes devant mes yeux ». (Is. 1,16) Devant mes yeux, qu’est-ce à dire ? C’est que plusieurs paraissent être exempts de vices, mais devant les hommes ; au contraire, aux yeux de Dieu, ils ne sont que des sépulcres blanchis. Et c’est pourquoi il dit : Ôtez-les tels que je les vois. « Apprenez à « faire le bien, cherchez la justice, rendez-la au « petit et au pauvre, et puis venez et discutons « ensemble, dit le Seigneur. Et quand vos péchés « seraient comme la pourpre, je vous blanchirai « comme la neige ; et quand même ils seraient « comme l’écarlate, je vous rendrai blancs comme « la laine ». (Is. 1, 17-18) Vous voyez que nous devons commencer à nous purifier, et alors Dieu nous purifiera. Car après avoir dit d’abord : « Soyez purs », il ajoute:« Et moi je vous blanchirai ». Que nul donc, parmi ceux qui sont arrivés au faîte du crime, ne désespère de lui-même. Car, dit le Seigneur, quand même vous auriez revêtu le vêtement et presque la nature même du vice, ne craignez pas. Il ne s’agit pas de couleurs fugitives et sans consistance, mais de celles qui font partie de l’essence même du corps ; or, ceux qui en sont imprégnés peuvent retrouver un état tout contraire, car il ne parle pas seulement de les laver, mais de les blanchir comme la neige et comme la laine, afin de nous donner bon espoir.
Quelle est donc la vertu de la pénitence, puisqu’elle nous rend beaux comme la neige, blancs comme la laine, quand bien même le péché aurait déjà envahi et imprégné nos âmes ? Étudions-nous donc à devenir purs ; Dieu n’a pas fait un commandement difficile : rendez justice à l’orphelin, et traitez la veuve selon le droit. Vous voyez comment Dieu tient compte partout et toujours de la miséricorde et de la protection donnée à ceux qui sont sous le poids de l’injustice. Abordons ces bonnes œuvres et nous pourrons obtenir aussi par la grâce de Dieu les biens à venir. Puissions-nous tous en devenir dignes en Jésus-Christ Notre-Seigneur ! Ainsi soit-il.

HOMÉLIE XIII.


SI LE SACERDOCE DE LÉVI, SOUS LEQUEL LE PEUPLE A REÇU LA LOI, AVAIT PU RENDRE LES HOMMES PARFAITS, EUT-IL ÉTÉ BESOIN QU’IL PARUT UN AUTRE PRÊTRE, APPELÉ PRÊTRE SELON L’ORDRE DE MELCHISÉDECH, ET NON PAS SELON L’ORDRE D’AARON ? (VII, 11, JUSQU’À LA FIN DU CHAPITRE)

Analyse.

  • 1-3. Le sacerdoce lévitique n’a rien perfectionné : aussi l’Ancien Testament lui-même annonçait un sacerdoce nouveau et éternel. – La tribu de Juda est appelée au sacerdoce dans la personne de Jésus-Christ ; elle se trouve désormais tribu royale et sacerdotale ; mais le pontificat n’a plus de succession charnelle. – La loi de crainte est abrogée et fait place à une loi de meilleure espérance. – Nous n’avons qu’un pontife désormais ; il est donc immortel et toujours prie pour nous. – Nous n’avons qu’un seul sacrifice ; encore Jésus ne l’a-t-il pas offert pour lui-même, puisqu’il était impeccable.
  • 4 et 5. Beaucoup différaient de recevoir le baptême, et le retardaient jusqu’à leur mort : conduite dangereuse, vrai mépris de la vertu en elle-même. – En se sauvant à la dernière heure, on n’arrive qu’à la dernière place au ciel : quelle honte ! – Pourquoi tarder d’accomplir des commandements si doux, que souvent les vices contraires sont plus pénibles même à la nature ?


1. « Si donc la perfection était l’œuvre du sacerdoce lévitique », dit l’apôtre, etc. Après avoir parlé de Melchisédech, et avoir montré qu’elle était sa prééminence sur Abraham, après avoir ainsi établi une grande différence, il continue à prouver la distance qui sépare les deux Testaments, dont l’un était imparfait, tandis que l’autre est la perfection même. Toutefois, il ne va pas au cœur même de son sujet ; il ne raisonne et ne combat d’abord que par la comparaison du sacerdoce et dé l’alliance ; car pour les incrédules d’alors ces preuves étaient plus saisissables, puisque la démonstration allait porter sur le dépôt même qu’ils avaient reçu.
Il a donc montré que Lévi et Abraham restent bien en arrière de Melchisédech, lequel, même de leur aveu, a eu rang parmi les prêtres. Il part maintenant d’une autre preuve ; et d’où ? Du sacerdoce chrétien comparé à celui des juifs. Et voyez ; je vous prie, son incomparable habileté ! La raison même qui, selon toute vraisemblance, devait exclure du sacerdoce Melchisédech qui n’était pas de la race d’Aaron, lui sert au contraire à l’y maintenir et à détrôner les autres. Et pour arriver à cette conclusion, il se pose à lui-même un doute : Pourquoi n’est-il pas dit (prêtre) selon l’ordre d’Aaron ? Et voici la solution qu’il donne : Et moi aussi, je me demande pourquoi il n’a pas été selon l’ordre d’Aaron ; car c’est ainsi qu’il faut entendre ce qu’il dit : « Si donc la perfection eût été l’œuvre du sacerdoce lévitique, etc. », et cette parole encore : « Pourquoi dès lors a-t-il été nécessaire », etc, phrase extrêmement significative. En effet, si Jésus-Christ était venu d’abord selon la chair pour être prêtre selon l’ordre de Melchisédech, et qu’après lui fût survenue la loi avec le sacerdoce d’Aaron, on aurait eu raison de conclure que le second