Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/523

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moyen plus lent que la vue pour apprendre une chose ; ce que nous entendons ne se grave pas dans notre esprit comme ce que nous voyons. « Dieu lui montre toutes choses » ; peut-être ne les lui montre-t-il qu’en modèle et en ombre, peut-être veut-il ici parler du temple. Car il a dit d’abord : « Voyez et faites tout selon le modèle qui vous a été montré sur la montagne ». N’a-t-il vu que ce qui avait trait à la construction du temple, ou aussi ce qui se rapportait aux sacrifices et à tout en général ? Ce second sentiment peut être soutenu sans erreur. Car l’Église est céleste, elle n’est rien moins qu’un ciel.
« Au lieu que Jésus a reçu une sacrificature d’autant plus excellente, qu’il est le médiateur d’une meilleure alliance (6) ». Voyez combien, dit l’apôtre, le second sacerdoce l’emporte sur le premier, puisque l’ancien n’est que copies et figures, et que le nouveau est la vérité même. Mais cette assertion était peu consolante pour les Hébreux, et ne pouvait leur causer du plaisir ; l’apôtre s’empresse donc d’ajouter quelque chose qui devait les combler de joie : « L’alliance nouvelle est établie sur de meilleures promesses ». Après l’avoir déjà montrée plus grande par le lieu, le prêtre et le sacrifice, il établit maintenant la différence d’alliance. Il avait déclaré plus haut que l’ancienne était faible et inutile, et toutefois remarquez les précautions qu’il prend avant d’en venir à lui faire son procès. Plus haut (VII) avant de prononcer la réprobation du sacerdoce antique, il avait eu soin de parler de l’immortalité du nouveau pontife, à qui ensuite il attribuait cette haute prérogative que « par lui « nous approchons de Dieu ». Ici, ce n’est qu’après nous avoir élevés jusqu’aux cieux, après nous avoir montré que le ciel remplace pour nous le temple, et que le lévitisme ne possédait que les figures de nos saintes réalités ; c’est après avoir ainsi relevé le culte nouveau qu’à bon droit dès lors il relève aussi le sacerdoce. – Mais, je l’ai dit, il établit spécialement ce qui doit causer aux Hébreux une joie incomparable, à savoir : « Que notre alliance repose sur des promesses meilleures ». Et qui le prouve ? Ce fait même que l’antique alliance est rejetée, et qu’une autre est introduite à sa place. Si désormais celle-ci a l’empire, c’est parce qu’elle est meilleure ; car de même qu’il disait : Si par le sacerdoce lévitique la perfection était atteinte, pourquoi y a-t-il eu besoin qu’un autre prêtre se levât selon l’ordre de Melchisédech ; ainsi employant ici le même argument, il dit
« Car s’il n’y avait rien de défectueux dans la première alliance, il n’y aurait pas lieu d’en « substituer une seconde. Et cependant Dieu leur adresse une parole de blâme (7, 8) », c’est-à-dire, si l’alliance n’avait pas eu quelque défaut, si elle avait délivré les hommes de tout péché. Car pour vous convaincre que tel est le sens de ces paroles, écoutez la suite : « Leur adressant un blâme », aux juifs, non à l’alliance, le Seigneur dit : « Il viendra un temps où je ferai une nouvelle alliance avec la maison d’Israël et la maison de Juda. Non selon l’alliance que j’ai faite avec leurs pères au jour où je les ai pris par la main pour les faire sortir d’Égypte ; car ils ne sont point demeurés dans cette alliance que j’avais faite avec eux, et c’est pourquoi je les ai méprisés, dit le Seigneur ». Soit, dira-t-on ; et où est la preuve que cette alliance soit finie ? Il l’a déjà fait voir par le prêtre ; ruais maintenant, il démontre plus clairement et en termes exprès, qu’elle est rejetée. Comment ? « Par des promesses meilleures ». Où est, en effet, je vous prie, l’égalité entre le ciel et la terre ? Considérez ce terme : Meilleures promesses ; il est mis pour calmer les susceptibilités. Il a dit plus haut dans la même intention : « Par cette espérance nous approchons de Dieu, espérance meilleure », dit-il. (Héb. 7,19) En effet, dire meilleures promesses, meilleure espérance, c’est donner à entendre que l’ancienne alliance avait déjà ses promesses et son espérance. Mais ce peuple l’accusant toujours : « Voici », ajoute-t-il, « voici que des jours viendront, dit le Seigneur, où je consommerai une alliance nouvelle avec la maison d’Israël et la maison de Juda ». Il ne s’agit pas d’une ancienne alliance quelconque ; car, pour qu’on ne pût s’y tromper, il a marqué la date même. Il ne dit pas absolument : Non pas selon l’alliance que j’ai faite avec leurs pères, parce que vous auriez pu répondre qu’il s’agit de celle que Dieu fit avec Abraham ou même avec Noé. Laquelle désigne-t-il donc ? Écoutez : « Non pas selon l’alliance que j’ai faite avec leurs pères qui assistaient à la sortie » ; et Dieu même ajoute : « En ce jour où je les pris par la main pour les tirer de la terre d’Égypte ; car ils ne sont point demeurés dans cette alliance que j’ai faite avec eux, et c’est pourquoi je les ai méprisés, dit le Seigneur ». Voyez-vous que le mal commence par nous ? Ce sont eux qui n’ont point persévéré, dit-il ; ainsi la négligence est notre fait. Le bien, je veux dire tous les bienfaits, viennent de Dieu. Ici, il semble lui-même faire son apologie, et il dit pour quelle raison il les abandonne.
8. « Mais voici l’alliance que je ferai avec la maison d’Israël, après que ce temps-là sera venu, dit le Seigneur ; j’imprimerai mes lois dans leur esprit et je les écrirai dans leur cœur, et je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple (10) ». Dieu parle évidemment de la nouvelle alliance, puisqu’il a dit : Ce n’est plus selon l’alliance que j’ai faite jadis. Telle est la grande différence des deux alliances ; la dernière est écrite dans les cœurs. La différence n’est pas tant dans les commandements que dans la manière de les donner et de les graver. « Mon alliance ne sera plus écrite en lettres », dit-il, « mais dans les cœurs ». Que le juif nous montre la réalisation de cette prophétie à une époque quelconque ; mais non, il ne la trouvera pas, car]aloi fut de nouveau reproduite en caractères écrits après le retour de la captivité de Babylone. Moi, au contraire, je leur montre que les apôtres n’ont rien reçu par écrit, mais que l’Esprit-Saint a gravé tout dans leur cœur. Aussi Jésus-Christ disait-il : « Quand il sera venu, il vous remettra toutes choses en mémoire et vous enseignera ».
« Et chacun d’eux n’aura plus besoin d’enseigner son prochain et son frère, en disant : Connaissez le Seigneur ; parce que tous me connaîtront, depuis le plus petit jusqu’au plus grand ;