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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/97

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que pour les choses de la terre ». Ces paroles étant de nature à inspirer à ses néophytes de la haine pour les méchants, Paul les avertit de n’avoir rien de commun avec eux, mais cependant de traiter avec modestie et modération non pas seulement leurs frères, mais même leurs ennemis et leurs adversaires.

« Le Seigneur est proche ; ne vous inquiétez de rien ». Car quelle pourrait être, dites-moi, la raison de votre découragement ? Serait-ce parce qu’ils se dressent contre vous, ou parce que vous les voyez vivre dans les délices ? « Ne vous inquiétez de rien ». L’heure du jugement va sonner ; dans peu, ils rendront compte de leurs œuvres. Vous êtes dans l’affliction, eux dans les délices ? Tout cela finira bientôt. Ils complotent, ils menacent ? Mais leurs coupables desseins ne réussiront pas toujours ; le jugement est suspendu sur leurs têtes, tout va changer ! « Ne vous inquiétez de rien ». Déjà la part de chacun est faite. Montrez seulement votre patience et modération envers ceux qui vous préparent sans cesse les persécutions ; et tout va s’évanouir comme un songe, pauvreté, mort, fléaux de tout genre qui vous menacent, tout finira : « Ne vous inquiétez de rien ».

« Mais qu’en tout, par la prière et par la supplication, avec action de grâces, vos demandes et vos vœux soient connus devant Dieu. Dieu est proche ; je serai avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » c’était déjà une consolation ; en voilà une seconde ; voilà un antidote capable de dissiper toute peine, tout chagrin, tout ennui. Mais quel est ce médicament ? Prier, en toutes choses rendre grâces. Ainsi Dieu ne veut pas que nos prières soient de simples demandes ; il les exige unies à l’action de grâces pour les bienfaits que nous avons déjà reçus. Comment, en effet, demander quelques faveurs pour l’avenir, si nous ne sommes pas reconnaissants des faveurs passées ? — « En tout », dit-il, c’est-à-dire en toutes choses, recourez à « la prière et à la supplication ». Donc il faut remercier Dieu de tout, même de ce qui paraît fâcheux. C’est vraiment là que se reconnaît le cœur reconnaissant. La nature des choses l’exige ; ce sentiment sort spontanément d’une âme vraiment reconnaissante et pleine d’amour pour Dieu. Demandez-lui donc des faveurs qu’il puisse approuver et connaître ; car il dispose tout pour notre plus grand bien, même à notre insu ; et une preuve que tout se fait pour notre plus grand bien, c’est cette ignorance même où il nous laisse du succès de nos prières.

« Et que la paix de Dieu, qui surpasse toutes nos pensées, garde vos esprits et vos cœurs en Jésus-Christ ». Qu’est-ce à dire ? Entendez, dit l’apôtre, que la paix de Dieu, celle qu’il a faite avec les hommes, surpasse toute pensée. Qui jamais, en effet, attendit et osa espérer ces biens de l’avenir ? Ils surpassent non seulement toute parole, mais toute pensée humaine. Pour ses ennemis, pour ceux qui le haïssaient, qui le fuyaient, pour eux Dieu n’a pas refusé de livrer son Fils unique pour faire la paix avec nous. Telle est la paix, ou, si vous voulez, telle notre délivrance ; telle la charité de Dieu.

2. « Que cette paix garde vos cœurs et vos intelligences ». On reconnaît un bon maître, non seulement à ses avis, mais surtout à ses prières, au secours que ses suppliques auprès de Dieu implorent pour ses disciples, afin qu’ils ne soient ni accablés par les tentations, ni ballottés par les erreurs. Ici donc saint Paul semble dire : Que celui qui vous a délivrés si merveilleusement ; que celui qu’âme qui vive ne peut comprendre, oui, que lui-même vous garde, vous fortifie contre tout malheur. — Tel est le sens de saint Paul, ou bien le voici : Cette paix dont Jésus-Christ a dit : « Je vous laisse ma paix, je vous donne ma paix », elle-même vous gardera. Car cette paix surpasse toute intelligence humaine ; et si vous demandez comment, écoutez : quand Dieu nous ordonne d’avoir la paix avec nos ennemis, avec ceux qui nous font un mal injuste, qui nous provoquent, qui nous gardent de la haine, une loi semblable n’est-elle pas au-dessus de tout esprit humain ? Il y a plus : s’il vous plaît, comprenons d’abord ce mot profond : « La paix de Dieu surpasse toute intelligence ». Si la paix de Dieu surpasse toute intelligence, combien plus le Dieu qui nous la donne, surpassera non seulement toutes nos pensées, mais même toutes celles des anges et des puissances même célestes ! — « En Jésus-Christ », qu’est-ce à dire ? Que la paix de Dieu vous maintiendra sous l’empire de Jésus-Christ pour vous y faire persévérer, pour que votre foi en lui ne chancelle même pas. « Au reste, mes frères… » — Que signifie « au reste ? » J’ai dit tout ce que j’avais à dire. C’est