Aller au contenu

Page:Cicéron - Œuvres complètes, Garnier, 1850, tome 2.djvu/710

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il vit que c’était la violence qui l’emportait sur la justice, il prit des mesures pour arrêter ce funeste désordre ; il prouva qu’une immense énergie, de nombreux secours, des armes, pouvaient seuls garantir du brigandage nos demeures, nos temples, le forum et le sénat ; il fut le premier, depuis mon départ, qui rassura les bons, effraya les méchants, délivra cet ordre de ses frayeurs et Rome de la servitude. Avec un égal courage, avec la même fermeté et le même zèle, P. Sextius, noble défenseur de mes droits, de votre autorité et de nos institutions, s’est exposé à tous les genres d’inimitiés, de violences, d’insultes, de risques pour ses jours. La conduite du sénat était sans cesse attaquée dans des harangues séditieuses ; il l’a fait tellement approuver de la multitude par ses soins et ses efforts que rien n’était plus agréable au peuple que votre nom, rien de plus cher à tout le monde que votre autorité. Il m’a procuré tous les secours que je pouvais attendre d’un tribun, rendu tous les bons offices que j’aurais pu exiger d’un frère ; il m’a aidé de ses clients, de ses affranchis, de ses esclaves, de ses biens, de ses lettres ; et il a paru, non seulement adoucir ma disgrâce, mais la partager.

Vous avez vu l’empressement des autres à me servir ; vous avez vu combien C. Cestilius était porté pour moi, attaché à vos intérêts, ferme dans notre cause. Dirai-je tout ce que je dois à M. Cispius, à son père, à son frère ? Je leur avais été contraire dans un procès particulier ; mes services publics leur ont fait oublier une offense personnelle. M. Curtius, dont le père m’a eu pour questeur, T. Fadius qui a été le mien, ont répondu tous deux à la liaison formée entre nous, par la plus vive et la plus courageuse affection. C. Messius, comme ami et comme citoyen, a souvent parlé de moi ; dès le commencement, il a proposé seul une loi pour mon retour. Si, malgré les armes et la violence, Q. Fabricius avait pu exécuter ce qu’il avait résolu de faire pour ma cause, dès le mois de janvier je recouvrais mon existence civile : sa propre ardeur l’avait porté à s’occuper de mon rappel ; la violence l’arrêta ; votre voix l’a ranimé.

IX. Vous avez pu juger combien les préteurs étaient disposés pour moi. Comme particulier, L. Cécilius s’empressa de me fournir tous les secours qui étaient en son pouvoir ; comme magistrat, il proposa mon rétablissement, de concert avec presque tous ses collègues ; il refusa de donner action aux ravisseurs de mes biens. M. Calidius ne fut pas plutôt désigné, qu’il déclara, par son avis, combien il avait à cœur mon retour. C. Septimius, Q. Valérius, P. Crassus, Sext. Quintilius, C. Cornutus, nous ont rendu, à la république et à moi, les plus signalés services.

Et je rappelle ces services avec autant de plaisir que je passe sous silence quelques indignes procédés. Ce n’est pas ici le moment de me souvenir des injures ; et quand je pourrais en tirer vengeance, j’aimerais encore mieux les oublier. Un autre soin doit remplir tout le cours de ma vie ; c’est de témoigner ma reconnaissance à ceux qui m’ont servi avec zèle, de conserver les amis que j’ai éprouvés dans l’adversité, de combattre ouvertement mes ennemis connus, de pardonner à des amis faibles, de ne point laisser voir à ceux qui m’ont trahi quelle fut la douleur de mon départ, de consoler mes défenseurs par la gloire de mon retour. Quand je n’aurais dans toute ma vie