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Page:Claretie - Bouddha, 1888.djvu/79

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une petite tache au bout de l’oreille, et j’étais en train de l’effacer, cette tache rouge — là-bas et devenue noire, — je l’effaçais avec mon doigt mouillé, lorsque la porte s’ouvre… Ah ! mon Dieu, ah ! quel battement de cœur… C’est Antonia !

Antonia ! je laisse le Bouddha, je m’avance vers elle.

C’est Antonia ! Oui ! c’est Antonia et ce n’est pas Antonia ! Oh ! mon cher, grave, imposante, jolie — de plus en plus jolie, — mais dans une toilette, une toilette ! Une toilette janséniste, ma parole… Une dame de charité, une quakeresse, tout ce que tu voudras, et sans les cheveux blonds et le bon sourire, j’aurais hésité !…

— Antonia ! ma petite Antonia !

J’allais l’embrasser, moi, à la bonne franquette. Elle me montre une chaise, ne dit rien et me reçoit comme une marquise de Marivaux pourrait recevoir