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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/101

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claudine à l’école

merais pas continuer cette conversation, seule avec lui le long d’un bois, ou sur un canapé, ses yeux brillent tellement ! Et puis, s’il se figure que je m’en vais lui faire des confidences polissonnes…)

— Non, je ne comprends pas tout, malheureusement, mais assez de choses tout de même. Et j’ai aussi lu, l’autre semaine, la Suzanne, de Léon Daudet. Je termine l’Année de Clarisse, un Paul Adam qui me ravit !

— Oui, et tu dors, après ?… Mais tu te fatigueras, avec ce régime-là ; ménage-toi un peu, ce serait dommage de t’abîmer, tu sais.

Qu’est-ce qu’il croit donc ? Il me regarde de si près, avec une si visible envie de me caresser et de m’embrasser, que voici le fâcheux fard brûlant qui m’envahit, et je perds mon assurance. Il craint peut-être aussi de perdre son sang-froid, lui, car il me laisse aller, en respirant profondément, et me quitte après une caresse sur mes cheveux, de la tête jusqu’à l’extrémité des boucles, comme sur le dos des chats, Mlle Sergent se rapproche, ses mains frémissent de jalousie, et ils s’éloignent tous deux ; je les vois se parler très vivement, elle avec un air d’imploration anxieuse ; lui, hausse légèrement l’épaule, et rit.

Ils croisent Mlle Aimée, et Dutertre s’arrête, séduit par ses yeux câlins ; il plaisante familièrement avec elle, toute rose, un peu embarrassée, contente ; et Mlle Sergent ne témoigne pas de jalousie cette fois, au contraire… Moi, le cœur me saute