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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/102

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claudine à l’école

toujours un peu quand cette petite arrive. Ah ! tout ça c’est mal arrangé !

Je m’enfonce si loin dans mes pensées que je ne vois pas la grande Anaïs qui exécute une danse sauvage autour de moi :

— Veux-tu me laisser tranquille, sale monstre ! Je n’ai pas envie de jouer aujourd’hui.

— Voui, je sais, c’est le délégué cantonal qui te trotte. Ah ! dame, tu ne sais plus auquel entendre, Rabastens, Dutertre, qui encore ? As-tu fait ton choix ? et Mlle Lanthenay ?

Elle tourbillonne, avec des yeux démoniaques dans sa figure immobile, furieuse au fond. Pour avoir la paix, je me jette sur elle et lui meurtris les bras de coups de poing ; elle crie tout de suite, lâchement, et se sauve ; je la poursuis, et la bloque dans le coin de la pompe, où je lui verse un peu d’eau sur la tête, pas beaucoup, le fond du gobelet commun. Elle se fâche tout à fait :

— Tu sais, c’est stupide, c’est pas des choses à faire, justement je suis enrhumée, je tousse !

— Tousse ! Le docteur Dutertre te donnera une consultation gratuite, et encore quelque chose avec !

La venue de l’amoureux Duplessis coupe notre querelle ; il est transfiguré, depuis deux jours, cet Armand, et ses yeux rayonnants disent assez qu’Aimée lui a accordé sa main, avec son cœur et sa foi, tout ça dans le même sac. Mais il voit sa douce fiancée qui bavarde et rit, entre Dutertre