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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/104

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claudine à l’école

ce qu’ils disent ; de moi ils se méfieraient trop vite ! »

Elle s’élance ; passant près du groupe, elle perd adroitement son sabot (nous portons toutes des sabots, l’hiver), et tend ses oreilles en s’attardant à le remettre. Puis elle disparaît et revient, portant ostensiblement ses mitaines qu’elle glisse sur ses mains en revenant près de moi.

— Qu’est-ce que tu as entendu ?

M. Dutertre disait à Armand Duplessis : « Je ne forme pas pour vous de vœux de bonheur, Monsieur, ils sont inutiles quand on épouse une pareille jeune fille. » Et Mlle Aimée Lanthenay baissait les yeux, comme ça. Mais vrai, je n’aurais jamais cru que ça y était, aussi sûr que ça !

Moi aussi je m’étonne, mais pour une autre raison. Comment ! Aimée se marie, et ça ne produit pas plus d’effet à Mlle Sergent ? Sûrement il y a là-dessous quelque chose que j’ignore ! Pourquoi aurait-elle fait ces frais de conquête, et pourquoi ces scènes de larmes à Aimée, si elle la donne maintenant, sans plus de regrets, à un Armand Duplessis qu’elle connaît à peine ? Que le diable les emporte toutes ! Il va falloir encore que je m’arale[1] à découvrir le fin mot de l’histoire. Après tout, elle n’est sans doute jalouse que des femmes.

Pour me dégourdir les idées, j’organise une

  1. Je me tourmente.