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claudine à l’école

grande partie de « grue » avec mes camarades, et les « gobettes » de la deuxième division, qui deviennent assez grandes personnes pour que nous les admettions à jouer avec nous. Je trace deux raies distantes de trois mètres, je me place au milieu pour faire la grue, et la partie commence, semée de cris pointus et de quelques chutes que je favorise.

On sonne ; nous rentrons pour l’assommante leçon de travail à l’aiguille. Je prends ma tapisserie, avec dégoût. Au bout de dix minutes, Mlle Sergent s’en va, sous prétexte d’aller distribuer des fournitures à la « petite classe » qui, de nouveau déménagée, se tient, provisoirement (bien entendu !) dans une salle vide de l’école maternelle, tout près de nous. Je parie qu’en fait de fournitures, la rousse va surtout s’occuper de sa petite Aimée.

Après une vingtaine de points de tapisserie, je suis prise d’un accès soudain de stupidité qui m’empêche de savoir si je dois changer de nuance pour remplir une feuille de chêne, ou bien conserver la même laine avec laquelle j’ai terminé une feuille de saule. Et je sors, mon ouvrage à la main, pour demander conseil à l’omnisciente Directrice. Je traverse le corridor, j’entre dans la petite classe : les cinquante gamines enfermées là-dedans piaillent, se tirent les cheveux, rient, dansent, dessinent des bonshommes au tableau