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claudine à l’école

Dutertre m’a bien vue, puisque je suis debout ; mais il se contente de me sourire de loin, et reste près de ces demoiselles. Ils causent tous les trois à demi-voix ; je me suis assise sagement, je regarde. Soudain Mlle Sergent, — qui ne cesse de contempler amoureusement son beau délégué cantonal — élève la voix et dit : « Vous pouvez vous en rendre compte maintenant, Monsieur ; je vais continuer la leçon de ces enfants, et Mlle Lanthenay vous conduira. Vous constaterez facilement la lézarde dont je vous parlais ; elle sillonne le mur neuf, à gauche du lit, du haut en bas. C’est assez inquiétant dans une maison neuve, et je ne dors pas tranquille. » Mlle Aimée ne répond rien, esquisse un geste d’objection, puis se ravise et disparaît, précédant Dutertre qui tend la main à la Directrice et la serre vigoureusement, comme pour remercier.

Je ne regrette certes pas d’être revenue à l’École, mais, si habituée que je sois à leurs manières étonnantes et à ces mœurs inusitées, je reste abasourdie et je me demande ce qu’elle espère, en envoyant ce coureur de jupons et cette jeune fille, ensemble, constater dans sa chambre une lézarde qui, j’en jurerais, n’existe pas.

« En voilà une histoire de fissure ! » Je glisse cette réflexion tout bas dans l’oreille de la grande Anaïs qui se serre les flancs et mange de la gomme frénétiquement, pour montrer sa joie de ces aventures douteuses. Entraînée par l’exemple, je tire