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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/125

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claudine à l’école

Je m’amuse follement, mais, comme on sonne la rentrée, je n’ai que le temps de descendre à l’intérieur (il y a des échelles un peu partout), et j’arrive blanchie de mortier et de plâtre, heureuse d’en être quitte pour un sec : « D’où sortez-vous ? Si vous vous salissez tant, on ne vous permettra plus d’aider aux emménagements. » Je jubile d’avoir entendu les maçons parler d’elles avec tant de bon sens.

Lecture à haute voix. Morceaux choisis. Zut ! Pour me distraire, je déplie sur mes genoux un numéro de l’Écho de Paris apporté en cas de leçon ennuyeuse, et je savoure le chic Mauvais Désir de Lucien Muhlfeld, quand Mlle Sergent m’interpelle : « Claudine, continuez ! » Je ne sais pas du tout où on en est, mais je me dresse avec brusquerie, décidée à « faire un malheur » plutôt qu’à laisser pincer mon journal. Au moment où je songe à renverser un encrier, à déchirer la page de mon livre, à crier « Vive l’Anarchie ! » on frappe à la porte. Mlle Lanthenay se lève, ouvre, s’efface, et Dutertre paraît.

Il a donc enterré tous ses malades, ce médecin, qu’il a tant de loisirs ? Mlle Sergent court au devant de lui, il lui serre la main en regardant la petite Aimée qui, devenue rose foncé, rit avec embarras. Pourquoi donc ? Elle n’est pas si timide ! Tous ces gens-là me fatiguent, en m’obligeant sans cesse à chercher ce qu’ils peuvent penser ou faire…