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claudine à l’école

sis les guettait au-dessus du mur des cabinets ; Dutertre est rentré en ville, et le Richelieu est parti en courant comme un fou !

— Ça, je parie que c’est des mensonges que tu me colles !

— Non là, je te dis, c’est pas le jour, je l’ai vu, ma pure parole ! J’en ai le cœur qui me bat !

L’espoir du drame possible nous rend silencieuses un instant. Anaïs demande :

— Tu vas le raconter aux autres ?

— Non, ma foi, ces cruches le répéteraient. Rien qu’à Marie Belhomme, tiens.

Je narre tout à Marie, dont les yeux s’arrondissent encore, et qui pronostique : « Tout ça finira mal ! »

La porte s’ouvre, nous nous retournons d’un seul mouvement : c’est Mlle Aimée, le teint animé, un peu essoufflée. Mlle Sergent court à elle, et retient juste à temps, le geste d’étreinte qu’elle ébauchait. Elle renaît, la Directrice, elle respire, elle entraîne la petite coureuse près de la fenêtre et la questionne avidement. (Et notre leçon de géographie ?)

L’enfant prodigue, sans émoi excessif, débite de petites phrases qui ne paraissent pas satisfaire la curiosité de sa digne supérieure. À une question plus anxieuse, elle répond « Non », en secouant la tête, avec un sourire malicieux ; la rousse, alors pousse un soupir de soulagement. Nous trois, à la première table, nous observons, tendues d’at-