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claudine à l’école

temps, je songe que je ne me consolerai pas, si je n’assiste pas à la rencontre d’Armand et d’Aimée ; j’aime mieux me faire renvoyer (pour ce que ça me coûte) et voir ce qui se passera.

À quatre heures cinq, quand résonne à nos oreilles le quotidien : « Fermez les cahiers et mettez-vous en rangs », je m’en vais, bien à regret. Allons, ce n’est pas encore pour aujourd’hui la tragédie inespérée ! J’arriverai demain à l’école de bonne heure pour ne rien manquer de ce qui se passera.

Le lendemain matin, arrivée bien avant l’heure réglementaire, j’entame, pour tuer le temps, une conversation quelconque avec la timide et triste Mlle Griset, toujours pâle et craintive.

— Vous vous plaisez ici, Mademoiselle ?

Elle regarde autour d’elle avant de répondre :

— Oh ! pas beaucoup, je ne connais personne, je m’ennuie un peu.

— Mais votre collègue est aimable avec vous, ainsi que Mlle Sergent ?

— Je… je ne sais pas ; non, vraiment, je ne sais pas si elles sont aimables ; elles ne s’occupent jamais de moi.

— Par exemple !

— Oui,… à table elles me parlent un peu, mais une fois les cahiers corrigés, elles s’en vont et je reste toute seule avec la mère de Mlle Sergent, qui dessert et se renferme dans la cuisine.

— Et où vont-elles, toutes deux ?