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Page:Claudine a l'Ecole.pdf/137

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claudine à l’école

— Où couches-tu ?

— Là-haut.

— Avec ta sœur Aimée, bien entendu ?

— Non, elle a un lit dans la chambre de Mlle Sergent.

— Un lit ? tu l’as vu ?

— Non… oui… c’est un divan ; il paraît qu’il se déplie en forme de lit, elle me l’a dit.

— Elle te l’a dit ? Gourde ! cruche obscure ! objet sans nom ! ramassis infect ! rebut du genre humain !

Elle fuit épouvantée, car je scande mes insultes de coups de courroie à livres (oh ! pas des coups bien forts), et, quand elle disparaît dans l’escalier, je lui jette cette suprême injure : « Graine de femme ! tu mérites de ressembler à ta sœur ! »

Un divan qui se déplie ! Je déplierais plutôt ce mur ! Ça ne voit rien, ces êtres-là, ma parole ! Elle a pourtant l’air assez vicieuse, celle-là, avec ses yeux retroussés vers les tempes. La grande Anaïs arrive pendant que je souffle encore, et me demande ce que j’ai.

— Rien du tout, j’ai seulement battu la petite Luce pour la dégourdir un peu.

— Y a rien de nouveau ?

— Rien, personne n’est descendu encore. Veux-tu jouer aux billes ?

— À quel jeu ? j’ai pas de « neuf billes[1]. »

  1. Il faut neuf billes pour jouer au « carré ».